Les Songes du Crépuscule
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 Textes de Décembre

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Aytan
Rêveur d'arbres et d'étoiles
Aytan


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MessageSujet: Textes de Décembre   Textes de Décembre EmptyDim 6 Jan 2008 - 12:07

Le Grand Final !


Texte 1






Chapitre XII
Epilogue d'un voyage de Lycan








Il était une fois un jeune homme du nom de David, atteint d'un mal des plus étranges. Si étrange en vérité qu'on se contentait de l'appeler la Peur sans Nom… Puis un jour, David disparut de Vitry, sa ville natale. Il y revint toutefois, bien plus tard, changé à jamais. Entre ses mains reposaient des pouvoirs d'une puissance incommensurable, des pouvoirs divins. Il était l'Hybride, et aucune créature, qu'elle soit Ange ou Démon ne pouvait lui résister. Personne n'était en mesure de l'arrêter, pas même les Neuf Portes légendaires. Peut-être pas même le Divin…
David, l'Omnipotent, l'Omniscient… Si proche de prendre le pouvoir, et il y avait quelques heures si sûr de vouloir le prendre. Quelle ironie funeste que celle qui mit de nouveau le doute sur ton chemin, un doute si profond qu'il rivalisa avec les certitudes inculquées par ton père véritable…


***


Tannzzelgom…


"David… Pauvre enfant, manipulé par des êtres qui n'ont que faire de toi, sacrifié sur l'autel de l'orgueil de ceux qui se croient les maîtres de ce monde… Imzzelgom ! Soit maudit mille fois, non pas pour tes actes passés, mais pour ceux qui ont mené ton propre fils à sa ruine… Qui ont mené tant de mondes à leur ruine… Et vous, Gabriel et Samaël, soyez maudits à votre tour pour n'être que des Archanges ancrés dans les carcans d'une religion froide, ignorant sciemment les préceptes de Gaïa et de l'Equilibre."


***


Samaël…


"Enfin… Après tant de millénaires, je vous fais face, mes frères… Métatron, Michaël, Uriel, et vous autres… Me revoici devant vous, comme il en était avant ma Déchéance. Pourquoi ne m'avez-vous pas écouté à l'époque, alors que je vous montrais ces défauts du Divin qui vous condamnent aujourd'hui ? Accusateur vous m'avez nommé, Adversaire… Oui, mais contemplez à présent mes légions infernales, contemplez les prémices de l'Apocalypse. J'ouvrirai le Tombeau des Quatre Cavaliers malgré vous !"


***


Imzzelgom…


"Oh, Samaël, petit Angélus déchu si manipulable. Tu ne vaux finalement pas mieux que ce vieux Tannzzel, pas mieux que ce faible David. Obnubilé par ta volonté de rejoindre les autres Archanges auprès du Divin mourant, obnubilé par ce désir de leur montrer coûte que coûte que tes paroles recelaient la Vérité, tu n'as fait que me servir. Démoniaques, Enfants de Gaïa et Angélus, détruisez-vous, et laissez-moi le champ libre ! Je m'emparerai du Trône Suprême car il ne restera que moi ! Et je reforgerai cet univers à mon image !"


***


Gabriel…


"L'espoir existe encore, je le vois maintenant en toi David… Nous allons arriver à la Neuvième Porte, et une fois là-bas quel camp choisiras-tu ? Qui bénéficiera de tes pouvoirs ? Choisiras-tu de sauver les Hommes, choisiras-tu de les pardonner, eux qui t'ont cloîtré, qui t'ont rejeté, pendant tant d'années ? Choisiras-tu ce camp malgré la haine que je t'ai témoigné, malgré la condamnation que j'avais prononcé à ton égard sans prendre le temps de te juger ? Ou bien rejoindras-tu ton père et les servants de l'Ennemi ?"


***



La conclusion est proche. David est maintenant derrière la Neuvième Porte. Escorté par l'Archange Gabriel et le Garou Tannzzelgom, son maintien est celui d'un roi. D'un roi aux yeux voilés par le doute, déchirés par la peur, mais ceux d'un roi tout de même.
L'Hybride se retourne. Une grande plaine s'étend derrière lui, une plaine scintillante et floue dans laquelle les contours de Vitry ne peuvent qu'être devinés. Derrière cette frontière se trouve sa ville natale, son passé et ses souvenirs, aussi abjectes qu'aient pu être les années qui s'étaient déjà écoulées, dans la solitude et le désespoir. Dans la pourriture et la Peur sans nom.
Peut-être est-ce également là-bas que réside son futur. Peut-être auprès d'une demoiselle au sourire timide, aux joues pâles et aux cheveux roux… Peut-être auprès d'un enfant…

David ne sait que faire face aux reflets de Vitry. Dans son dos, les tintements métalliques et les cris des Démoniaques l'attendent. Il lui suffirait de refaire quelques pas, de refaire le chemin en sens inverse et s'installer comme autrefois dans le manoir de ses parents. De laisser là Samaël et ses légions, Imzzelgom et ses traîtres, Gabriel et ses anges, Tannzzelgom et ses lupins… Oui, de les planter là, de les laisser se déchirer, et de se contenter de protéger Vitry et sa future famille.
Le jeune garou regarde Gabriel. Les poings de celui-ci sont serrés, son corps entier frémit de colère, ses ailes sont étendues, prêtes à battre pour rejoindre les remparts de la Neuvième Porte. David est sûr qu'il pourrait passer devant l'Angélus sans que celui-ci ne le voie, et courir jusqu'au Premier Monde ! Avec ses capacités, il pourrait en interdire l'accès à quiconque. Oui ! Plutôt que de défendre sa famille et seulement sa famille, il pourrait user de ses pouvoirs pour exiler son monde de cet univers, le rendre inaccessible à tout jamais. Et ensuite, il pourrait choisir d'oublier qui il était véritablement et de vivre la vie qu'il aurait vécue si la Peur sans Nom n'avait jamais secoué son corps et son esprit.
David tend ses muscles. Il jette un coup d'œil en coin au vieux Lycan à ses côtés. Au contraire de l'Angélus, celui-ci a les yeux braqués sur son semblable. Il pose une main sur l'épaule de l'Hybride. Son regard est dur.
- Non, David. Tu es responsable de la rupture de l'Equilibre. Cette bataille est le résultat de ton voyage à travers les méandres de ton orgueil et de ton ambition. Si tu fuis aujourd'hui, si tu n'affrontes pas les évènements que tu as créés, ta vie sera une malédiction.
- Plus que ce qu'elle n'est déjà ? lâche le fils d'Imzzelgom sur un ton qui se veut mordant.
L'Enfant de Gaïa retire sa main. Un grondement sourd commence à se faire entendre, débordant les remparts et s'écoulant derrière eux comme une pestilence intangible. Une symphonie chaotique qui fait vibrer le corps entier et affole les cœurs lui répond soudain.
- Les Trompettes résonnent, lâche l'Archange, l'assaut final ne va pas tarder. Il nous faut y aller.
Le trio se met en marche vers le gigantesque mur qu'est la Neuvième Porte. Devant les trois créatures, les bataillons angéliques finissent de s'organiser. Plusieurs rangées d'archers sont disposées derrière le mur, vraisemblablement pour tirer par-dessus les créneaux, tandis que des fantassins sont répartis devant eux pour se porter au devant des Démoniaques si ceux-ci parvenaient à créer une brèche dans la pierre.
David continue sa marche, devançant de quelques pas Gabriel et Tannzzelgom. Il va sous sa forme humaine et dépasse bientôt les premiers anges. Une rumeur naît sur son passage, il entend des mots, il entend "Le Messie est de retour", il entend "L'Arme de Samaël a rejoint la Lumière". Si certains parmi les Chérubins et le Séraphins ont reconnu son odeur, les autres chœurs se trompent et le confondent avec un autre. Le trouble est jeté sur l'armée blanche et argentée tandis que l'homme s'avance près d'un escalier. Au bout de celui-ci, sur les remparts, plusieurs Archanges sont réunis et attendent, main sur l'épée, que le Lycan et son escorte s'avancent jusqu'à eux. David jette un dernier regard sur l'horizon, sur Gabriel qui le suit de près et monte enfin les marches, tout en entamant sa transformation en loup monstrueux.
- Salutations, Gabriel, commença Uriel, la Flamme de Dieu. Salutations, David, noble adversaire.
Le garou ne répond pas. Ce n'est pas à lui de parler. Il sent l'incompréhension des Archanges planer, une incompréhension née depuis que Gabriel avait resurgi des limbes et avait pris David avec lui. Et voilà qu'à présent, l'ennemi qu'ils doivent abattre à tout prix pour conserver une chance d'endiguer les armées de Samaël se présente à eux, empli de doutes et d'hésitations.
- Maintenant que tu as reparu auprès des tiens, Gabriel, le moment est venu de t'expliquer, dit le Métatron.
- Hélas, mon frère, je ne peux. Je n'ai fait qu'entrevoir les desseins du Divin dans des signes subtils. Et ce qu'avait fait Imzzelgom à David, je l'ai défait. J'ai fait réapparaître la part humaine de David en son esprit…
Gabriel continue son discours auprès de ses frères Archanges pour justifier la présence de l'Hybride sur les remparts, mais David se détourne du groupe. Tout cela n'est que paroles dans le vent. Gabriel va se montrer son plus beau jour, pêchant par orgueil, comme à son habitude. En quoi ce concile angélique pourrait-il l'aider à vivre, à se décider parmi la multitude de choix qui s'offraient à lui pour les minutes à venir ? Le Lycan voit les regards des troupes se poser sur lui, qu'elles soient démoniaques ou angéliques tandis qu'il fait son apparition aux créneaux. De l'autre côté du mur, la terre semble onduler sous ses yeux tant les créatures et servants de Samaël sont innombrables. Il est légions et le montre en cette heure. La plaine est un tapis uniforme, noir et grouillant. Seul un point semble échapper à cette agitation fourmillante. Deux êtres se tiennent côte à côte, épargnés par le fourmillement, deux êtres splendides dans l'horreur, magnifiques dans la terreur. David reconnaît Samaël en personne, le Porteur de Lumière, et son père, Imzzelgom. Et David est reconnu à son tour par les deux êtres. Les doutes du garou reviennent en bloc, tandis que de son point d'observation, il peut embrasser du regard le champ de bataille et ses protagonistes dans leur ensemble. Les trois clans sont là, n'attendant qu'un défi, qu'un geste, qu'une parole pour déchaîner leur ire respective. Angéliques, Démoniques et Enfants de Gaïa… Le Bien, le Mal et la Neutralité. Et David, l'Omnipotent, au milieu de ce chaos de corps, englué dans le chaos de ces pensées…
Impuissant…


***


Tannzzelgom…


"Ici et en ce lieu, ma destinée va s'accomplir, celle pour laquelle Gaïa m'a mis au monde. Je vais descendre devant la Neuvième Porte et rejoindre mes frères. Combattre aux côté des Angéliques jusqu'à ce que l'Equilibre soit restauré. Puis je tuerai David pour que cette créature monstrueuse de pouvoir ne puisse plus jamais menacer la Neutralité si chère à Gaïa. Peu importe le camp qu'il choisira, car le doute existe en son cœur. Aujourd'hui le Bien, demain le Mal… Mais les Démoniaques s'agitent, l'assaut commence…"


***


Samaël…


"David, bâtard puant ! Que fais-tu sur ces remparts… Imzzelgom ne paraît pas s'inquiéter, est-ce que tout cela pourrait faire partie de son plan ? Mon frère Gabriel serait-il un traître au même titre que Jophiel ? David pourrait-il simuler la rébellion et détruire les Angéliques de l'intérieur ? Quoi qu'il en soit, l'heure est venue, mon sang bout, ma Lumière jaillit ! Après tant de millénaires, l'heure est venue de montrer leur erreur à mes frères et au Divin ! Je m'élance, le cœur vibrant de haine !"


***


Imzzelgom…


"Par mes crocs ! Mais que fais-tu mon fils ? Le Divin a-t-il sournoisement embrumé ton esprit ? Ou suis-tu un autre chemin, délaissant le carnage pour l'empoisonnement, délaissant l'attaque pour l'assassinat ? Vas-tu prendre cette Porte ? Ou vas-tu m'abandonner ? Quoi qu'il en soit, je dois tromper Samaël jusqu'au bout, et j'aviserai au fur et à mesure ! Je suis un Loup, je suis le Maître de l'Apostasie ! Je survivrai quoi qu'il puisse arriver et je régnerai toujours ! Mes crocs vont déchirer les chairs !"


***


Gabriel…


"Les Démoniaques s'élancent devant moi, l'heure est donc venue de racheter mes erreurs, de me repentir. Vous tous, morts par ma faute, regardez moi m'envoler et fondre sur mes ennemis, regardez mon épée éteindre ces vies maudites qui osent s'opposer à moi ! Six cents soixante-six légions seront trop peu pour me retenir ! Oh, David, je t'en supplie, élance-toi à mes côtés. Puisse le Divin t'accorder ta bénédiction quel que soit ton choix. J'espère qu'à ton tour tu me pardonneras de t'avoir emmené dans ce chaos…"
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Aytan
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MessageSujet: Re: Textes de Décembre   Textes de Décembre EmptyDim 6 Jan 2008 - 12:07

***


David…


"La bataille finale a commencé. Les Trompettes ont résonné de part et d'autres, les étendards des légions ont été dressés, les Dragons se sont élevés. Les Archanges ont pris leur envol à leur tour, menant leur compagnie à l'assaut des monstres volants ou des bataillons infernaux.
Des Nephilim apparaissent à l'horizon et les Princes des Ténèbres entourent Samaël et mon père…

Uriel déchaîne le feu de sa lame, luttant à armes égales avec Asmodée. Impossible de savoir lequel a le dessus, cachés qu'ils sont par les volutes de flammes et les panaches de fumée. Autour de ce duo de danseurs terribles, les créatures s'écartent ou sont terrassées par la chaleur des épées. De temps en temps, le métal incandescent transperce la fumée et un visage en sang et enragé apparaît subrepticement.
Soudain, un corps tombe. Ses ailes sont aussi noires qu'une nuit sans lune. Asmodée a péri. La brume entourant l'Archange se dissipe bientôt et je vois Bélial se jeter sur Uriel. Ce dernier est trop exténué pour répliquer et se défend mollement. La gigantesque hache du Démon frappe sans relâche. L'Angélus tombe soudain à terre, incapable de se maintenir en l'air plus longtemps. Son corps est bientôt recouvert par la vermine grouillante des Démons au sol et est déchiqueté. C'en est fini d'Uriel également.

Je lève les yeux et je vois Michaël se battre de sa lance contre trois monumentaux Dragons. Ils forment un nuage de crocs et de griffes autour de lui, l'entourant dans une tempête mortelle. L'Archange tourne sur lui-même sans arrêt, repoussant les attaques les unes après les autres. Il se bat bien mais ce ne sera pas suffisant, même pour lui, le Terrasseur de Reptiles.
Un des Dragons attrape enfin la lance dans sa gueule et la broie. Voici Michaël désarmé… Et voici Michaël mort, qui s'écrase, les ailes brisées.

Je regarde en contrebas du mur, me tenant au créneau. Astaroth est aux prises avec des Enfants de Gaïa. Le Démon a sans doute voulu couvrir son nom de gloire et a attaqué seul ces ennemis formidables. Grand mal lui en pris, les garous lui sautent dessus, leurs mouvements parfaitement coordonnés par des siècles de vie en meute et le déchiquètent.

Tout autour de moi semble s'accélérer ! Je vois le Métatron se battre à mains nues contre Béhémot, je vois Raphaël lutter contre Samaël en personne ! Barachiel et Moloch, Azraël et Belphégor, Camaël et Eurynome…

Je vois Gabriel et mon père se déchirer mutuellement les chairs, Gabriel plongeant ses doigts dans le corps noir d'Imzzelgom, tandis que celui-ci lui arrache des lambeaux de chair de sa gueule gigantesque.

Tout s'accélère encore. Les Archanges et les Princes tombent les uns après les autres, les Anges et les Démons s'affrontent dans des combats apocalyptiques… Apocalypse… Apocalypse, oui…

Je fais face à nouveau à Vitry. Derrière sa frontière iridescente, la ville semble flamboyer. N'est-ce pas la silhouette d'une femme et d'un enfant que je devine là-bas ? Ma femme, mon enfant ?
Je sens qu'une main se pose sur mon épaule, mais je ne vois personne, j'entends une voix, mais il n'y a nul être autour de moi pour me parler. Est-ce Lui, le Divin, qui me fait enfin signe et m'éclaire ?
Je regarde le champ de bataille rougi par le sang des cadavres, le noir des humeurs, le blanc des ailes… Il n'y a qu'une seule chose à faire.

Nier…"


***


Je suis seul dans les Ténèbres. Celles-ci ne ressemblent en rien aux Enfers. Il n'y a aucun danger en leur sein, seulement une pulsation. Celle d'un cœur qui attend de battre, celle d'une infinité de cœurs en vérité. La pulsation d'un monde qui attend de naître, qui attend d'exister.
Je sais ce qu'il me reste à faire. Oui, enfin je sais ce que je dois faire en ce monde.

Je m'appelle David, fils d'Imzzelgom. Je suis l'Omnipotent, l'Omniscient. Je suis l'Hybride, le Premier, et je parle à voix haute !
- Que la lumière soit.

Et la lumière fût…
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MessageSujet: Re: Textes de Décembre   Textes de Décembre EmptyDim 6 Jan 2008 - 12:08

Texte 2



Il existe une inimitié entre ta semence et Sa semence. Il te meurtrira à la tête et tu le meurtriras au talon. La vision est encore pour le temps fixé, et elle reste haletante jusqu’à la fin, et elle ne mentira pas. Même si elle venait à tarder, continue à l’attendre ; car elle se réalisera à coup sûr. Elle ne sera pas en retard.

La ville sainte. Berceau d’une infinité de mondes, point de départ de toute vie et à présent fin du voyage en ces temps troublés. Une cité ou le gigantisme des antiques bâtiments n’a d’égal que la luxuriance de leurs ornements usés. Les façades faites d’un or fin dont l’éclat passé avec le temps s’étalent à perte de vue. Les rues étroites se déversent dans toutes les directions et s’entremêlent en un réseau superbe et complexe. Toutes partent cependant du même endroit, le seul espace dégagé de cette toile extravagante. La grande place de Hagia.
Le sable demeure depuis des millénaires la seule chose en mouvement dans cette immensité désolée. Il s’accumulait partout, et en particuliers sur Hagia, au point de donner au monument central l’apparence d’une fragile termitière. Le doux sifflement du vent devint soudainement strident et sembla se moduler imperceptiblement dans un coin, à la manière d’un mirage. Les murs alentours cessèrent leur conversation mille fois séculaire pour écouter attentivement cette variation de l’ordre établi. L’ondulation dans l’air prit davantage de consistance. Puis elle fit place à une myriade de petits éclairs multicolores, dont le ballet crépitant se clôtura par une explosion miniature.
Lorsque le calme repris ces droits, quatre formes, dont une évanescente, se tenaient là. Après une minute de silence et de contemplation, la silhouette la plus trapue déclara solennellement :
Nous voilà parvenus au carrefour de nos existences.
Les autres acquiescèrent et respectèrent un mutisme de circonstance. Le temps de l’Accélération était arrivé.

Les démons ne discernaient plus le jour. Les flèches le leur masquait. Et les anges infortunés qui s’étaient lancés à corps perdus dans la masse au pied de la porte comprenaient à présent de manière limpide ce que signifiait « souffrir milles morts ». Les deux camps se perdaient dans la folie destructrice ambiante. Des membres de toutes origines, formes et couleurs volaient en tous sens. Des volutes de poussière débutaient chaque passe d’armes tandis que des gerbes de liquides goudronneux ou doré les concluaient.
Au beau milieu de la boucherie, cheminaient tranquillement Immzelgom et Samaël, guère inquiétés de devenir les destinataires d’un quelconque projectile. Et pour cause : personne n’osait entrer dans le périmètre d’action des inséparables. A vrai dire, personne ne le pouvait. Immzelgom exhibait fièrement une boule de lumière dans la main gauche, et dans la droite la tête maculée de sang d’un chérubin pendait mollement. Les deux accessoires morbides réunis sonnaient comme un avertissement clair et précis envers quiconque serait assez fou pour postuler à l’affrontement. Samaël, dubitatif, gardait les mains dans le dos. Cette débauche sans fin de violence désordonnée ne l’impressionnait pas.
Je vais finir par m’ennuyer très vite si cette porte ne cède pas. Ma patience à de fâcheuses tendances à s’estomper ces derniers temps et cette vertu qui m’empêche de te tordre le cou sur l’instant perd de son emprise.
― Je ne te mettrais plus au su supplice bien longtemps. Tu vas très vite voir que l’attente est souvent récompensée. Pourquoi ne te défoules-tu pas ? Rester enfermé jusqu’ici aurait du décupler votre envie de meurtre, non ?
― Elle t’amuse peut-être, mais la guerre entre mes hordes et les légions d’emplumés n’a jamais cessée depuis que je suis devenu l’Opposant. Ce qu’il me faut à moi, ce ne sont plus des batailles, ce sont des résultats.
― Tu les auras.

Samaël maugréa pour seule réponse, et envoya rejoindre le schéol une palanquée d’anges et de démons d’un virulent mouvement de bras. Cela ne sembla pas le contenter, mais il récidiva sous un déluge de hurlements et de craquements inhumains. L’Apostat songea qu’il faudrait désormais que les choses se décantent rapidement. Il ne tenait plus trop à tester le seigneur des enfers au-delà du raisonnable.

Sur la muraille, les discussions sur l’attitude à adopter divisaient les troupes célestes.
Ils sont tous regroupés en contrebas… y compris ces félons d’Immzelgom et Samaël en personne ! C’est le moment ou jamais de les abattre, gronda le Metatron.
Et vous comptez vous y prendre comment ? Vous jeter dans leur bras ? Je suis persuadé qu’ils apprécieraient cette charmante attention, répondit un jeune lycan accroupi entre deux créneaux, forçant un sourire faussement amical. Ce qui est certain c’est que si vous souhaitez si ardemment vous battre il va falloir descendre, car ce ne sont pas vos flèches qui leur feront grand mal.
― En effet, il ce n’est plus le temps des stratégies mais celui des actions.

Ainsi, le Metatron s’élança, dans son sillage suivait son nouvel assistant. Ils furent les derniers renforts à se jeter dans une arène de férocité. Nul ne s’était posé la question de savoir s’ils en reviendraient.

Le vieux lycan et ses compagnons s’approchèrent lentement du monticule qui se dressait devant eux. David se demanda ce que cette chose avait de si troublant pour que même le spectre reste silencieux. Ce dernier miroitait pourtant de façon inhabituelle. Sans doute un nouveau moyen de manifester son intérêt. Cela renforça l’inquiétude de David.
Ecartez-vous !
Brisant par ces mots la sérénité de l’endroit, le chef de la meute attendit ensuite que les autres s’exécutent. Il leva une main à hauteur de visage, paume vers le haut, et entrouvrit la gueule. En éructa un léger râle, suivi d’un souffle. Celui-ci se mua ensuite en une puissante bourrasque qui se chargea de balayer le monticule sablonneux tel un vulgaire château de cartes. Le monument mis ainsi à nu captiva tous les regards.
Je vous présente l’objet de toutes les convoitises : le tombeau des quatre cavaliers de l’Apocalypse.
David écarquilla les yeux, visiblement secoué par cette annonce. Etait-ce réellement « ça » le fameux tombeau ? Un édifice recouvert de sable dans une ville désertée ?

L’imposant sépulcre se composait d’une grande dalle horizontale ornée d’une multitude de gravures. Elles avaient du à une lointaine époque comporter des enluminures bariolées dont il subsistait encore quelques vestiges par endroits. La dalle était découpée en quatre parties distinctes de taille égale, chacune décrivant une scène précise. La Mort, la Famine, la Guerre et le Faux Prophète, soit quatre personnages chevauchants sur un inquiétant tableau. Le lourd coffrage ainsi décoré donnerait à la boîte de Pandore des allures de jeux d’enfants. Les fantômes polis de pierres précieuses venaient timidement rehausser les couleurs de cette fresque délavée par le temps. Le tout était surmonté d’une grande stèle sur laquelle figurait des phrases écrites dans une langue inconnue. Des maximes ? Une mise en garde ? Peut-être les deux.
Que diriez-vous de l’ouvrir sans plus attendre ? Quitte à ce qu’il soit ouvert, autant que ce soit par nous vous ne trouvez pas ?
Les questions de l’homme loup n’en étaient pas vraiment. Ils les ponctuaient de regards malicieux à destination de ces compères.
Tu as perdu la raison ! Si nous faisons ça, nous signons immédiatement notre perte ! Ramener David n’aurait servit à rien et ce que nous avons tant de peines à contenir nous submergera. Tout ce que nous avons accomplit aura été vain.
Gabriel était effaré. Même pour plaisanter, l’idée même de toucher le couvercle du caveau le faisait frémir. Le lycan semblait de plus en plus prendre à son parti la situation, et pour des raisons qui restaient encore obscures, se détachait du plan qu’il avait conçu et jusqu’à lors respecté avec l’archange. Celui-ci se mit à craindre d’avoir une fois de trop fait fausse route. Immzelgom et son interlocuteur n’étaient-ils finalement pas de la même race ?
Je pense que tu peux serrer la main de ton « protecteur », David. Tous deux, vous ne comprenez vraiment rien à rien.
Là-dessus, et sans rien ajouter d’autre, le vieux lycan empoigna fermement la dalle et la fit glisser en arrière, avec une force et une rapidité surprenante. Gabriel et David se jetèrent d’un seul homme, mais trop tard. Les trois individus tombèrent à la renverse et heurtèrent le sol au même instant que le lourd couvercle de pierre.
Le spectre n’avait quant à lui pas bougé d’un pouce et toisa le trio d’un air satisfait, avant de disparaître brusquement dans un nexus, s’enroulant sur lui-même pour laisser place au néant.

Le combat faisait rage devant la porte, et la barbarie atteignait le point de non-retour. Samaël et Immzelgom avaient envoyé de vie à trépas des dizaines et des dizaines d’anges, et la magie fusait tout autant que l’hémoglobine. Puis le Metatron fit enfin face à ses plus dangereux adversaires.
Je rêvais de ce moment depuis tellement longtemps. Cela m’aurait fait de la peine de ne pas avoir l’insigne privilège vous donner la mort.
― Vous êtes sacrément condescendant, mon cher Metatron. Laissez-moi vous enseigner ce que vos prétendus maîtres ont visiblement oublié de vous apprendre : la politesse !

Immzelgom avait ponctué sa remarque d’un sourire en coin. Samaël reprit :
Laisse-le moi. Ce jouet me paraît bien plus intéressant que les autres pantins qui nous entourent. Tu as déjà laissé partir l’hybride, je préfère encore limiter là les erreurs.
― Mais je ne comptai pas m’enfuir,
répliqua le Metatron avec un air de défi, prenant doucement position sur ces appuis.
Les deux antagonistes prirent leur élan mais à l’instant même une lueur déchira l’espace entre eux, leur gâchant tout plaisir. L’invité surprise interrompit net tout affrontement dans un rayon d’une cinquantaine de mètres. Immzelgom arborait un rictus démesuré lorsqu’il lâcha :
Seigneur tout puissant !
La phrase avait désorientée son adversaire, mais également Samaël lui-même. Ce dernier repris contenance :
Pardon ? Qu’est-ce que tu as dis ?
― Je… je songeais tout haut. Je me disais que votre puissant règne allait enfin venir seigneur Samaël.

Après avoir bafouillé ces quelques mots, il ajouta à l’attention de l’importun :
Toi ici ? Tout est donc prêt ?
― Oui. Il est temps pour moi de vous ouvrir la voie.

Le spectre se dématérialisa, échappant par anticipation à d’éventuels agresseurs angéliques, puis réapparut comme une brume vaguement humaine au devant de la dernière porte, sur laquelle il apposa délicatement la main. Une onde vert émeraude s’en échappa, et l’armature de fer et de cèdre gondola dangereusement. L’accès au monde entre les mondes ne mit guère plus de cinq secondes à devenir opérationnel. La porte se désintégra dans une avalanche de minuscules débris verdoyants, comme autant de lucioles. La plaine entière retint sa respiration quand Samaël exulta :
Marchez sur les saints ! Plus rien ne nous retient. En avant !
Conformément au souhait du prince des ténèbres et galvanisé par l’évènement, les légions infernales chargèrent dans une totale furie sans aucune borne, tandis que les soldats du Divin, perdant leurs derniers espoirs, furent très vite submergés.
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MessageSujet: Re: Textes de Décembre   Textes de Décembre EmptyDim 6 Jan 2008 - 12:08

L’onde de choc provoquée par l’éclatement de la porte résonna dans la ville sainte. Un halo d’une noirceur d’ébène à l’orée de la cité indiqua à Gabriel que le mal venait d’entrer. David de son côté n’avait pas eu besoin de ce signe pour ressentir leur approche.
Ils sont là. Les forces du mal sont en marche.
Le jeune homme se redressa, pour poursuivit à l’adresse du chef de la meute :
Vous vous prétendez meilleur que moi, alors que vous vous permettez de jouer à Dieu en prenant des décisions inconsidérées. Vous auriez pu tous nous faire tuer. Et c’est d’ailleurs ce qui va se passer si je ne reprend pas mon apparence Hybride.
― Tu ne le pourras pas. Ce lieu annihile tous tes pouvoirs, quels qu’ils soient. Plus tu en est près plus tu est faible, voilà pourquoi tu as réduis le Nephilim à rien en un battement de cil alors que Sélaphiel aurait pu t’anéantir si tu n’avais pas été protégé.

Tout en parlant, il s’approchait de la fosse. A l’intérieur, il y faisait si noir que David avait le plus grand mal à un discerner le fond.
Pour le Nephilim comment savez-vous ce qui s’est passé ? Et le tombeau, pourquoi diable est-il vide ? Vous le saviez n’est-ce pas ? D’ailleurs vous semblez en savoir bien plus que moi. J’exige de savoir. Ne suis-je pas censé être l’élément principal de tout cela ?
― Je suis assez d’accord avec lui,
ajouta Gabriel, j’aimerais moi aussi entendre tes explications.
― Ce n’est ni le moment, ni l’endroit pour cela mes amis. Sachez simplement que tout intervient avec une raison bien précise, dans un plan établit. Tout comme je connais ton rôle, David. Toi l’omnipotent, tu ne voit pas tout a ce qu’il semble. Tu devrais tout connaître et pourtant tu poses toujours autant de questions. Il est vrai que ta nature humaine ne t’aide pas non plus à y voir clair. Quelle ironie que ton avènement soit court-circuité au moment même où tu aurais dû tous nous enterrer. J’ajouterais d’ailleurs que les enterrés ne seront pas ceux que l’on croit.
― Comment cela ? Mais allez vous vous…

Les hordes de démons ne lui laissèrent pas le temps d’aller au bout de ses protestations. Dégueulant littéralement par les avenues, elles se déversaient sur la place, menées par Samaël et l’Apostat. Le Metatron, seul point de lumière dans cette grouillante masse obsidienne, survolait tout ce beau monde, en s’évertuant jusqu’au bout de ces forces à en réduire le nombre. En pénétrant ici, Samaël croyait toucher le talon d’Achille du Divin.

Gabriel et David parcouraient des yeux les incubes dans un surnombre évident. Ils étaient résolus à faire un carnage avant de disparaître. Le lycan choisit cette circonstance pour intervenir. Passant les babines au-dessus de l’épaule de David, il lui dit :
Je suis désolé mon enfant. L’ignorance sera ton salut. Il l’avait prévu.
Le visage de David se crispa, puis se tordit sous l’effet d’une douleur aussi intolérable qu’inattendue. Le lycan retira la lame des reins du jeune homme, puis l’agrippa avant de le précipiter dans le tombeau. Gabriel, déjà aux prises avec les agresseurs, ne put s’interposer. Metatron au plus vif de la bataille ne s’en aperçut même pas. Mais ensuite le sol se mit instantanément à vibrer, puis à trembler de plus en plus fort. Une lueur aveuglante émergea de la cavité en un rayon puissant. La lumière enfla et recouvrit la place, puis la ville entière, s’engouffrant dans les moindres interstices. Se sentant enfin soulagé du fardeau imposé par son double-jeu, Immzelgom tomba à genoux. Levant les mains au ciel, il conservait malgré tout son riche dément. Sous les yeux d’un Samaël effaré et remplit de fureur de n’avoir compris que bien trop tard qu’il venait de se faire doubler, le désormais ex-Seigneur de l’Apostasie proclama :
La Libération ! Nous avons réussit !
La clarté l’enveloppa et noya le reste des légions.

A l’intérieur de la sépulture, David se convulsait et se désintégrait lentement : la lumière d’origine Divine le consumait. Il entra dans une phase ininterrompue de métamorphoses et son visage changeant n’exprimait plus qu’une douleur sans nom. Chacune des ses particules servaient à la création d’un nouveau monde dans lequel les fidèles du passé pourraient côtoyer ceux qui s’étaient repentis, ensemble délivrés définitivement de la menace de toutes formes de mal.
Il comprenait à présent. La mort lui offrait les réponses à ses questions, réponses qu’il n’aurait jamais pu connaître depuis son existence contradictoire. Les images défilaient comme autant de scénettes d’une vie qu’il n’avait pas choisi et qu’il n’avait jamais contrôlé. Un pion. Voilà ce qu’il était et ce depuis le commencement.
Sa dernière pensée, fut un regret : il ne connaîtrait finalement jamais l’amour.

Et j’ai vu un nouveau ciel et une nouvelle terre, car l’ancien ciel et l’ancienne terre avaient disparu. Alors j’ai entendu une voix forte, qui disait: ‘Voici que Dieu est avec les humains, et il résidera avec eux, et ils seront ses peuples. Et il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu. Mais quant aux lâches, aux gens sans foi, à ceux qui sont immondes dans leur malpropreté et meurtriers et fornicateurs, et à ceux qui pratiquent le spiritisme, aux idolâtres et à tous les menteurs, leur part sera dans le lac embrasé de feu et de soufre. Cela signifie la mort à jamais.
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Aytan
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MessageSujet: Re: Textes de Décembre   Textes de Décembre EmptyDim 6 Jan 2008 - 12:10

Texte 3



« Vaisseau Carcéral à Base Centrale Beta. Vous me recevez ?
— Très distinctement, Vaisseau Carcéral. On attendait votre venue.
— Ne soyez pas aussi impatient, BCB, car c’est une sacrée bande de sauvages que nous livrons là !
— On en a vue d’autres…
— C’est aussi ce qu’ils nous ont dit à Cystec ! Deux contrôleurs sont restés sur le carreau.
— Reçu ! On tâchera d’être plus professionnels ! Vous pouvez commencer votre manœuvre d’approche. Indice atmosphérique idéal. Température au sol : - 12 °C. Aucune raison pour que votre marchandise ne se déverse sur nos magnifiques plaines verglacées ! BCB terminé.
— On tâchera… Vaisseau Carcéral terminé. »
Harvey était réputé bon pilote, cela ne l’empêchait pas d’appréhender chaque atterrissage sur Nova Quatre. Il avait appris à se méfier des soubresauts d’humeur que lui réservait l’atmosphère de cette planète et préférait dissiper les quelques angoisses par le dialogue teinté de cynisme.
A l’autre bout du fil, son interlocuteur aurait pu tricoter un chandail tant il tremblait de nervosité. L’apparente sérénité de la conversation n’était qu’une facette car lourdes étaient les responsabilités qui pesaient sur ses épaules.
En effet, le Vaisseau Carcéral convoyait les prisonniers les plus dangereux. Et lui avait pour tâche de mener à bon port lesdits meurtriers.
Depuis le crash du Elder suite à une défaillance humaine avérée, tous les centres de contrôle d’approche demeuraient sur le qui-vive. Le moindre mouvement était épié, la moindre conversation enregistrée. La Compagnie traquait, dans le désordre, les tire-au-flanc, les malhabiles, les peu sûrs d’eux et les branquignols.
Alors, ce jour-là encore, Harvey appréhendait et les membres du BCB tétanisaient.

* *
*

« Je dois vous interrompre car les Portes suivantes ont été franchies. La bataille se déroule maintenant au pied de la Neuvième Porte. Il faut nous hâter. »
Les mots de Gabriel n’étaient pourtant plus qu’un lointain murmure. Car David s’était immobilisé, comme pétrifié. L’Angelus et le Chef de Meute avaient tous deux plongé dans le nexus, laissant l’Hybride à ses sombres pensées. David restait là, effondré sur l’allée de l’ancienne demeure familiale.
« Tu es certes le fils d'Imzzelgom mais tu es avant tout notre frère… » disait encore il y avait peu cet étrange Lycan. Intégrer la Meute. S’il se décidait à le faire ? S’il rejoignait cette faction ? Ou bien prendre à revers les entendements de son père ? Pourquoi ne pas trahir, à son tour ? Montrer que, quelque soit la faction, né Angélus, Démoniaque, Enfant de Gaïa ou Apostat, la trahison ne se savoure qu’une fois auparavant trahi !
David ressassait ces morales qu’il ne pouvait plus supporter. De ses yeux perlèrent des larmes, des larmes de sang…

* *
*

« Ouvre ce qui est fermé. »
Incrustée dans le grès, l’inscription brillait de mille feux au-dessus de l’immense porte de bois. Un anneau grand comme une roue semblait scellé à jamais. Aucune poignée. Une simple serrure que les Démoniaques n’avaient pu crocheter. Pourtant, l’un des battants de la Deuxième Porte baillait sur l’horizon.
L’endroit était désert, empli par la quiétude même. Seules quelques plumes, balayées par une douce brise, virevoltaient au pied de la muraille infranchissable, uniques témoins du passage des armées de Samaël et d’Imzzelgom.

* *
*

Une main se posa sur la frêle épaule de David, à la fois ferme et amicale.
« Pourquoi les suivre ? N’es-tu pas mieux ici ? Vitry, autrefois amère, t’accepterait enfin pour ce que tu es. Tu as vaincu la Peur Sans Nom. »
La voix du Spectre sifflait avec force conviction.
« Tu as choisi de me tenir compagnie : sage décision. Maintenant que tu es bien portant, nous allons enfin pouvoir profiter des vrais plaisirs de Vitry et des villages alentours. »

* *
*

Harvey actionna un levier et jeta aussitôt un œil par le hublot : une gerbe de liquide s’échappa. Satisfait, le pilote fit danser ses doigts sur les différentes consoles. Volets intérieurs, extérieurs et autres aérofreins bataillèrent afin de réguler l’assiette de l’engin. Le capitaine du Vaisseau s’empara alors de son micro pour officialiser l’arrivée imminente. Seul un vague borborygme gargouilla au fond de sa gorge : Nova Quatre implosait sous ses yeux…

* *
*

Un grondement sourd monta soudainement des profondeurs de la terre. L’anneau, jusque-là impassible, vibra. Les pierres s’effritèrent, se désolidarisèrent. Le bois craqua lors même que le bruit gagnait en intensité. La terre se déchira brusquement, engloutissant la Deuxième Porte.
La crevasse ainsi formée s’élargit avec vélocité pour emprunter le chemin de la Troisième Porte…

* *
*

La voix de stentor retentit dans les montagnes :
« La Lumière sera bientôt étouffée par les Ténèbres ! »
Imzzelgom, brandissant la tête d’Uriel, paradait au milieu de ses troupes. Puis, d’un geste ample que les Angélus ne purent manquer, il l’envoya rouler au chœur des armées Démoniaques. Une vague macassar déferla aussitôt accompagnée de rires sardoniques.
Mais quand, au loin, la terre frémit, les deux camps ennemis se figèrent. Le cliquetis métallique des armures s’amplifia. Un bruissement traversa les rangs, une rumeur qui éclata sur les lèvres de Métatron :
« Les Deuxième, Troisième, Quatrième et Cinquième Portes ne sont plus ! »
Et, tandis que les Angélus tentaient vainement de trouver une explication, Imzzelgom ne put s’empêcher de penser à son fils.

* *
*

« Qu’y a-t-il, David ? Qui pleures-tu ainsi ? Tu es pourtant libre à présent, libre d’effectuer les choix qui sont les tiens, libre d’aller et venir à ta guise. Tu as le pouvoir de créer, de construire aussi. Le Divin doit être fou de jalousie !
— Choisir… Je n’ai jamais pu…
— Tu étais faible, David. Mais ceci est du passé, loin derrière. L’époque où tu m’écrivais est révolue. Tu es le maillon principal de la chaîne qui relie toutes les réalités. Tu es l’omniscient, le centre de la toile vers laquelle convergent les fils de l’espace et du temps… »
L’Hybride tressaillit. Cette voix… ces mots… Il les avait pratiquement oubliés. Les souvenirs enfouis le submergèrent : sa chambre noire, le Père François de Erstin, les Lycans, la Pyramide. Tout se mêla pour ne former qu’un amas de nœuds inextricables.
« Je… suis devenu encore plus monstrueux que je ne l’étais déjà… Qu’adviendrait-il si je ne prenais pas les bonnes décisions ?
— Nous nous en amuserions, mon Maître. »
Le Spectre s’était penché pour souffler son haleine putride au nez de David. Ce dernier le repoussa d’un revers du bras.
« Tais-toi ! Tu n’es qu’un importun ! Je ne peux méditer sereinement !
— Comme il vous conviendra, Maître. Comme il vous est toujours convenu…
— Qu’insinues-tu, vil serpent ?
— Rien de plus que la vérité… Gênante vérité, n’est-ce pas ? »
Le Spectre s’était posé sur son séant, les bras levés au ciel. Un large sourire se dessina sur son visage d’adolescent.
David sentit la colère sourdre en lui puis jaillir. Il se jeta sur sa création et l’empoigna à la gorge. Ses mains, un instant humaines, se couvrirent d’un épais duvet. Ses ongles s’effilèrent en des griffes acérées. Des crocs saillirent de sa gueule.
Un hurlement, telle une complainte déchirante, s’éleva au-dessus des hauteurs de Vitry.

* *
*

Un réacteur explosa lorsqu’un débris de Nova Quatre percuta le Vaisseau Carcéral. Il vacilla, piqua du nez.
« Bon Dieu ! Mais c’est quoi ce bordel ? » meuglait Harvey à qui voulait l’entendre. Les membres de l’équipage étaient cependant occupés à contempler avec frayeur les restes de la planète.
« Bougez-vous le cul ! On doit s’éloigner au plus vite de ce caillou ! Je ne tiens pas à être le témoin trépassé de ce… foutu bordel ! »
Harvey avait un vocabulaire limité lorsqu’il se mettait ainsi en colère. Et son attrait pour les dialogues teintés de cynisme s’évaporait alors avec force hâte.
Une seconde explosion souffla le moteur principal du Vaisseau Carcéral qui fit une violente embardée. Harvey se fracassa le crâne contre un siège et perdit connaissance.
De l’espace, on pouvait voir un étrange ballet que cet esquif ricochant sur les débris de Nova Quatre, traînant derrière lui une fumée blanchâtre de plus en plus dense.
Et puis, plus rien : à son tour, le Vaisseau Carcéral disparut.

* *
*

Gabriel et le Chef de Meute ne pouvaient communiquer, ne pouvaient s’échapper. L’Angélus et l’Enfant de Gaïa erreraient éternellement entre les Mondes.
Gabriel en était à ces pensées quand enfin il comprit : pressé par la guerre qui avait débuté à la Neuvième Porte, il avait fait l’erreur d’abandonner David à Vitry. Et ce dernier se retrouvait seul, confronté à lui-même… et au Spectre. Le Divin avait-Il bien fait de les envoyer, lui et le Chef de Meute, là-bas ? Avait-Il eu raison de créer puis ramener ce Spectre ?
Gabriel, une fois encore, doutait. Doutait du Divin et de ses intentions. Méritait-il encore d’être nommé Angélus ?
« Mes incertitudes ne sont rien comparées à celles de David : de ces doutes dépendent les Mondes. Et je suis là, perdu entre l’Espace et le Temps… »

* *
*

Le vent : les Angélus repliaient leurs ailes. Le feu : les Démoniaques éteignaient les flammes de leurs lances. L’eau : les Apostats faisaient fondre la glace de leurs lames. La terre : les Enfants de Gaïa déposaient leurs armures de glaise.
Les quatre factions du Premier Monde ne pouvaient rien face au désastre qu’elles considéraient. A quelques enjambées de là, la Huitième Porte s’était dématérialisée. La grande guerre prenait des allures d’Apocalypse.
Une ombre gigantesque couvrit soudain le champ de bataille pour s’écraser au milieu des différentes troupes. Survenu de nulle part, un vaisseau spatial s’était abîmé dans un torrent de flammes et de fumée.
La terre gémit à nouveau. En un battement de cils, une Pyramide de l’ancien temps émergea. D’une porte dérobée irradia un faisceau multicolore.
Angélus et Enfants de Gaïa tombèrent à genoux. La plupart fut emportée par une tornade. Perchés sur les hauteurs d’une colline, les Apostats observaient le ciel dévaster la plaine, les tornades naître et mourir comme on claquait des doigts. Une lune noire plongea les quatre factions dans une ombre mordorée surréaliste.
Et, tandis que les réalités se confondaient, le chaos s’installa sur son trône doré.

* *
*

Entre les griffes de David, le souffle du Spectre était court. Il parvint toutefois à articuler difficilement :
« Une infinité… de mondes… pour… une infinité… de choix. »
L’Hybride relâcha prise.
« Une infinité de mondes pour une infinité de choix. A chaque décision, à chaque instant, de nouveaux mondes sont créés et l’Univers des possibles grandit sans cesse. »
David sentit son cœur se rompre. Le Spectre était-il la voix ?

* *
*

Les Angélus ayant survécu aux éboulements, aux tonnerres, aux laves et aux pluies torrentielles abandonnèrent la Neuvième Porte aux Démoniaques de Samaël. Les Apostats se regroupèrent autour d’Imzzelgom et s’éloignèrent autant qu’ils le purent. Les Enfants de Gaïa regrettèrent amèrement leur captivité dans les Interstices.
Tout n’était plus que désolation.
Pourtant, la Neuvième Porte scellait toujours le passage vers la Terre.

* *
*

« David, mon cher David… As-tu décidé de quitter ta demeure ? As-tu voulu naître Hybride des Enfers ? As-tu tué pour la première fois à Vitry de plein gré ? As-tu réellement choisi d’entrer dans cette Pyramide ? Milena n’y était-elle pour rien ? Ton éveil n’a jamais été inné. Il a toujours fallu que l’on te pousse, mon Maître. Que l’on te pousse à effectuer des choix déjà réfléchis. Tu devais découvrir qui tu étais, qui étaient… les autres. Tu devais forger ta propre opinion… mais tu en es incapable !
David… Libère les chaînes qui t’entravent ! Tu dois à présent t’affranchir des choix que l’on t’impose pour n’uniquement suivre la voie qui est la tienne ! »
Allongé sur le sol, les jambes pliés sous son corps, David buvait les paroles du Spectre.
« Mon cher David… si tu étais seul à nouveau, plus personne ne te dicterait sa conduite… »
La voix du Spectre n’était plus qu’un bruissement :
« Si tu le détruisais, Père conspirateur. Si tu le détruisais, Seigneur Ténébreux. Si tu les abattais, Angélus prétentieux. Si tu les anéantissais, Enfants de Gaïa. Si tu les tuais tous… »
Une étincelle brilla dans les pupilles du Lycan.
« Tu as raison, Spectre, lâcha-t-il d’un ton dégagé.
— Oh ! Oh ! Mon maître se décide enfin à agir sciemment ! Les Mondes vont changer ! se pâma le Spectre.
Toutefois, sa joie fut de courte durée : il sentit son être se déchirer tandis que David, hurlant de tout son être, le traversait de ses griffes meurtrières. Le Spectre s’effondra, tressaillant encore sous le choc.
David tituba, chancela et s’écroula à son tour. Le poil de son poitrail était maculé de rouge.
« Que… m’arrive-t-il ? »
Ses yeux devinrent vitreux, son corps s’abâtardit. Le loup cracha du sang sur les pavés de Vitry. Ses paupières s’alourdirent.
« Je refuse de mourir maintenant ! » s’époumona-t-il alors qu’il allait sombrer.
Il se redressa et, d’instinct, se précipita dans les rues de son village d’enfance. Mêmes odeurs d’épices fraîchement exposés, mêmes sonorités des sabots sur le dallage. David courait à présent, à en perdre haleine. Car, en dépit de sa blessure, il se sentait renaître.
Une pierre le frappa au visage. Un manche de pioche ricocha sur sa peau velue.
Déjà, une bande de villageois, attirée par ces hurlements singuliers, s’était regroupée pour faire face au monstre.
« Vous ne comprenez pas ! » leur expectora David avec véhémence.
Comment le pouvaient-ils ? Un Hybride, mi-homme, mi-loup se tenait devant eux, une mare de sang à ses pieds.
La chasse fut lancée sans que les villageois n’aient eu à se concerter.
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MessageSujet: Re: Textes de Décembre   Textes de Décembre EmptyDim 6 Jan 2008 - 12:10

* *
*

« Il a fallu que tu détruises ma création, Hybride… Tes décisions vont nous coûter à tous ! L’Équilibre des Mondes est menacé et, plus nous attendons, plus nous courons à notre perte. Il va me falloir intervenir, encore ! »

* *
*

A gauche.
Des ruelles adjacentes aux fenêtres découvertes, les cris haineux fusaient autour de David.
Un croisement, à droite.
Blessé, traqué telle une bête sauvage, il tentait vainement d’échapper au courroux de tout un peuple.
Nouvelle intersection : sa vue se troublait de plus en plus. Il vira à gauche.
L’Hybride fuyait, comme il avait déjà fui auparavant. Gabriel parviendrait-il une fois encore à le coincer dans une venelle sans issue ? Milena apparaîtrait-elle pour le précipiter dans un maelström inconnu ?
A droite, pour éloigner les pas menaçants sur le pavé.
Et ce mur. David le percuta de plein fouet et passa au travers…

* *
*

Un éclair frappa le sol à quelques pas de la Pyramide.
Le tonnerre roula aussitôt, faisant frémir la Neuvième Porte. Au loin, le vaisseau était déjà partiellement enseveli sous le sable.
Un bruit sourd retentit alors, comme si l’on avait lancé mille pastèques sur un mur. Les gonds de la Neuvième Porte sautèrent. Le bois explosa littéralement.
Par l’embrasure de la Porte, David apparut, tout ensanglanté. Vacillant, hagard, affaibli, la poitrine ouverte, le Lycan était redevenu homme. Il s’écroula au seuil du dernier verrou qui précédait le passage vers la Terre.
« Parle-moi, David. Moi qui attendais tant de toi… »
Un homme – qui diable pouvait survivre dans un environnement aussi hostile ? – lui tendit la main.
« Vois ce que tu as fait, David. Admire ton œuvre ! Les armées se sont entredéchirées, puis dispersées. Les mondes sont entrés en collision. Les réalités ont été altérées, un instant confondues… Tu avais ce pouvoir, David. Mais tu ne l’as perdu. Tu t’es égaré… »
David releva les yeux : son père adoptif se tenait là, à ses côtés.
« Tu… Ce n’est… pas…
— Possible ? N’as-tu donc rien appris de ce voyage, David ? J’aurais tant souhaité qu’Imzzelgom choisisse un autre… »
David toussa grassement.
« Tu aurais dû être mon âme sœur. Je voulais que tu sois mon instrument, que tu connaisses les quatre factions, que tu apprennes d’elles… pour mieux les détruire ! Tu devais ouvrir les Neuf Portes et enfin me rejoindre, semant derrière toi les graines d’un monde meilleur, dépourvu de ces factions. Car, à toi seul, tu en constituais une : la cinquième faction.
— Père… Je… vais…
— Tu ne sembles pas l’avoir deviné, en dépit des efforts développés, mais, à toi seul, tu mettais en péril l’Équilibre Naturel des Mondes. J’aurais voulu que l’Équilibre ne se résume plus qu’à une balance à deux plateaux : toi et moi, David. Mais tu n’as su comprendre…
— Je… vais… mou…
— Oui, David. Tu vas mourir. Car si je peux panser tes blessures, jamais je n’aurais suffisamment d’emprise sur ton âme. Tu dois mourir, David. Pour l’Équilibre. Ton tombeau scellera la Neuvième Porte et tu reposeras auprès des Quatre Cavaliers. Ainsi doit-il en être. »
Ce furent là les dernières paroles qu’entendit David.
L’Hybride, le Premier, l’Omnipotent, David le Lycan s’éteignit sur les ruines d’un nouveau monde.
Car, si l’Équilibre était maintenue – quatre factions régissantes issues du Premier Monde – Elle n’avait pas moins été considérablement fragilisée…

* *
*

Quand Harvey se réveilla, il avait la moitié du corps ensablé. Comment pouvait-il encore vivre ? Que lui était-il arrivé ? Qu’était advenue sa marchandise ? Autant de questions qui le travaillaient.
Mais cela n’était rien comparé à cet étrange édifice, cette muraille dans laquelle était incrusté un étrange tombeau.
Harvey s’approcha, plus près encore. Il passa une manche sur l’étrange matière qui recouvrait le caveau : de la glace. Harvey fit un bond horrifié lorsqu’il constata qu’un homme y était emprisonné. Il recula encore quand il l’aperçut bouger un doigt.
Harvey eut alors recours à son langage le plus familier :
« Par tous les diables ! Mais qu’est-ce que c’est ce foutu bordel ? »
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