Les Songes du Crépuscule
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 Textes de Mai en Lice

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Aytan
Rêveur d'arbres et d'étoiles
Aytan


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MessageSujet: Textes de Mai en Lice   Textes de Mai en Lice EmptyDim 27 Mai 2007 - 8:17

Voici les trois textes du mois de mai !


Texte numéro 1






- Nous devrions envoyer un autre Archange, commença une première voix.
- Alors que Gabriel a échoué, questionna une seconde. Vous avez pourtant entendu ses paroles. Un autre combat est trop risqué, car en cas de défaite, l'Hybride reniera sa part humaine, puis rejoindra Chamsin, le Gardien. Et ce dernier l'amènera inexorablement à Imzzelgom. Nous savons tous où est la créature en ce moment, peu de kilomètres le séparent de la Pyramide. Nous ne pouvons nous permettre de prendre un tel risque. Si l'Apostat le faisait entrer, les conséquences seraient désastreuses.
- Et qu'allez-vous faire si Samaël se décide à agir, ou même Imzzelgom ? Envoyons Uriel, la Flamme de Dieu. Si Gabriel a échoué, c'est parce que notre Divin Seigneur a fait de lui un messager, non pas un ange armé au même titre que la Flamme ou qu'Azraël par exemple.
- Que Gabriel soit un messager ne change pas le fait qu'il reste un Archange… Et si nous ne pouvons combattre David, nous pouvons toujours éliminer le Gardien.
- Samaël a perçu le danger lui aussi, intervint une nouvelle voix. Il semblerait qu'il ait eu la même idée que vous. Il a dépêché Bélial auprès de Chamsin, et les deux sont en train de combattre en ce moment même dans le désert.
- Bélial, murmura la première voix. En effet, qui d'autre que le Seigneur du Vent est à même de contenir le Vent du Sud… Envoyons tout de même Uriel aider le Démoniaque, ils ne seront pas trop de deux pour lutter contre l'Apostat.
- Unir nos forces à celles des suppôts du Déchu, s'horrifia la seconde voix. Vous n'y pensez pas ! De plus, nous n'avons pas le droit de nous emparer de l'essence de Chamsin ! Même nous, nous avons besoin de lui pour entrer dans la Pyramide !
- Préférez-vous attendre qu'Imzzelgom envoie une de ses créatures aider Chamsin, tout comme il l'avait fait à Vitry avec la métamorphe Milena ? Préférez-vous attendre que le rejeton de l'Apostasie ne pénètre dans le Lieu ? Je préfère encore perdre le Gardien de la Pyramide et l'accès à ce bâtiment que de laisser le bâtard découvrir ses secrets. Faites appeler Uriel, notre décision est prise conclut la voix avec force. Qu'il aille tuer Chamsin…


***


Roulis et tangage… Monter, descendre, recommencer…
"Suis-je en mer ?"
Ce fut la nausée naissante qui réveilla l'homme tout à fait. La nausée et le goût de sang dans sa bouche. Il ouvrit les yeux et le sable défilait sous lui.
"Etrange bateau pour un océan qui l'est tout autant… Je suis toujours dans le désert. Et sur un cheval qui plus est."
David se redressa tant bien que mal, agrippant avec force les crins de sa monture. Ce qu'il avait pris initialement pour les mouvements d'un esquif sur les flots étaient en réalité ceux du pas de son cheval qui s'enfonçait dans les dunes. Le jeune homme craignait de basculer sur le côté à chaque instant.
Pendant quelques secondes, il regretta de n'avoir jamais pris de leçons d'équitation, avant que les souvenirs de sa chambre qui avait été toute autant prison ne lui reviennent en bloc. Comment aurait-il pu monter à cheval, lui qui était interdit de sortie ? Ses souvenirs-ci fusèrent dans ses pensées, ainsi que les plus récents… La violente rencontre dans les rues de Vitry avec le prêtre, la créature de cauchemar qui l'avait alors aidé, ce loup-garou dans lequel il s'était reconnu, puis la fuite jusqu'en ces terres de sable. Puis de nouveau le prêtre, ou ange, ou peu importait le nom dont la créature était affublée. Mais pour contrer la nouvelle attaque, aucun loup de cauchemar n'avait semblé pointer le bout de son museau. C'était le spectre qui l'avait tiré de ce mauvais pas, David ne savait comment… D'ailleurs, où était-il celui-là ?
A peine David avait-il pensé au fantôme que celui-ci apparut à quelques mètres de sa monture, le visage toujours aussi arrogant. Le jeune homme le contempla, remarquant à peine que son double éthéré ne laissait pas d'empreintes dans le sable. Depuis sa fuite de Vitry, il n'avait jamais vraiment pris le temps de faire une introspection véritable, de réfléchir et de tirer au clair les si nombreuses énigmes qui avaient vu le jour.
- Inutile de vous torturer l'esprit, mon Maître. Chamsin vous aidera à tout comprendre. Il vous aidera à entrer dans la Pyramide.
- Tu veux parler de cette pyramide dont nous nous éloignons de minute en minute ? Rien que de penser au voyage qui me ramènera à son pied me rend malade. Et qui est ce Chamsin dont tu me rabâches les oreilles ?
- Chamsin est… le vent, le vent du sud et du printemps. Mais Chamsin est aussi un Apostat, lâcha le spectre.
Quelques minutes s'écoulèrent avec pour seul bruit celui du vent chaud qui s'engouffrait dans les habits du cavalier et les faisait claquer. Le spectre avait espéré provoquer une réaction chez David en parlant de l'Apostasie, mais l'homme semblait avoir définitivement accepté son "ignorance" et le fait que Chamsin, quoi qu'il puisse être, était la clé qui ouvrirait les portes de la compréhension.
- Où sont les Bédouins, demanda David, abruptement. Je revois une caravane, des hommes, des marchandises dans mes souvenirs, juste après que le prêtre nous ait attaqué.
- Vous ne vous en souvenez pas ? Quel spectacle cela a été pourtant, quel somptueux mélange de grâce et de rage dans vos mouvements, mon cher Père ! Dommage que Gabriel justement n'ait pas assisté à ce massacre…
- Tu veux dire que…
- Exactement ! Comme à Vitry ! Vous avez laissé votre loup intérieur s'exprimer. Vous vous êtes abreuvé du sang des blessures qu'infligeaient vos griffes, vous vous êtes régalé de la chair qu'arrachaient vos crocs. Et tout cela en hurlant le nom d'Imzzelgom, conclut le spectre lépreux. Votre père doit être si fier de vous, ajouta-t-il si bas que David ne put l'entendre.
Le cavalier se retourna, se leva sur ses étriers et se tourna sur la selle, la main devant les yeux. Il cherchait désespérément une trace quelconque, quelque chose qui confirmerait les dires de son double évanescent. En vain semblait-il, le sable s'étendait à perte de vue.
- Ne cherchez pas si loin, Maître, commença le fantôme. Ne cherchez pas si loin les traces de cette curée, dit-il, devinant les pensées de son créateur. Regardez vos mains plutôt, vos habits. Le sang des hommes imbibe encore les tissus. Il est heureux que vous ayez succombé à cette folie dévastatrice, car sans cela, jamais Chamsin ne vous aurait reconnu. Depuis des heures, le vent tournait, nous éloignait de la Pyramide au gré des dunes. Et maintenant que le lycan que vous êtes s'est exprimé, la brise souffle droite et fort. Nous ne devrions plus tarder à rencontrer l'Apostat.
"Mais malgré ça, quelque chose m'inquiète, pensa le spectre, ou plutôt, cette partie de David qui pensait être le fantôme. Pourquoi Chamsin met-il autant de temps ? La manifestation de Gabriel aurait du l'attiré à nous depuis longtemps déjà… Angélus ou Démoniaques, un des deux camps est forcément derrière ce retard. Peut-être même les deux ensembles…"

Le soleil était bas sur l'horizon lorsque les deux êtres, le vivant et le spectre, arrivèrent enfin à destination. Ou du moins, pensaient-ils être arrivés.
Il n'y avait plus de vent.
Pourtant le bruit de son souffle se faisait toujours entendre.
- Ton Apostat en question me met de fort méchante humeur, commença le cavalier.
David mit pied à terre et s'enfonça jusqu'aux mollets dans le sable. Il rajusta ses vêtements, inspira violemment. Il sentait doucement son corps se soumettre à son loup intérieur, dopé par la colère. Tout comme la première fois qu'il s'était réveillé dans ce désert… La folie l'appelait. Les os et les chairs se tordirent, craquèrent, et David ne s'opposait nullement à la métamorphose. Il tourna ce qui restait de ses pensées vers son docteur de père et le maudissait pour l'avoir maintenu enfermé à Vitry, de l'avoir privé de cette vie de puissance, de cette force qui envahissait son corps. Plus David exprimait son ressentiment, et plus la transformation était rapide et profonde. Pour ce jeune homme qui avait toujours craint la maladie et la mort, pouvait-il y avoir plus belle bénédiction que ce "mal" qui lui était infligé ? L'esprit du lycan, son esprit, était comme scindé en deux, il pouvait le sentir. D'un côté, il voyait un homme souffreteux et mourant, réfugié dans une maison en ruines, pourchassé par un prêtre qui ressemblait tellement à celui qui l'avait attaqué par deux fois. De l'autre côté, il voyait une créature débordant de puissance, une créature au visage et au corps de loup, mais à la démarche d'homme et au front ceint d'une mince couronne d'or. Ce monstre, ce roi, c'était lui, tel qu'il était en train de se transformer. Ces visions, c'étaient ses deux avenirs possibles. Il y avait un choix à faire, et il fallait le faire maintenant !
A côté du loup, le spectre jubilait. Ses yeux opalescents luisaient légèrement dans la nuit tombante. Bientôt, bientôt, le métamorphe accepterait totalement sa nature, bientôt, bientôt, le spectre et le maître allaient être réunis en une seule et même créature, et le fils d'Imzzelgom pourrait accomplir le dessein du père, ce pourquoi l'Apostasie était née !
La monture prit peur. De l'humain qui était descendu à ses côtés, il ne restait rien. L'air était empuanti par une odeur de prédateur, une odeur qui réveillait les instincts les plus basiques de l'équidé, qui lui hurlait de fuir au plus vite. Le cheval dévala la dune au moment où David achevait sa transformation.
"Chasse, tue !"
Le loup-garou se jeta en avant, effleurant à peine le sable à chacune de ses foulées. Les hennissements apeurés l'excitaient au plus haut point, ses yeux s'injectaient de sang, l'écume lui montait aux babines. D'un bond formidable il atterrit sur la croupe du cheval, pourtant à une dizaine de mètres devant lui. Les deux animaux s'effondrèrent, enlacés dans une danse meurtrière. Les jambes du pur-sang se brisèrent dans le sable.
Sa fin était inéluctable.
Les dents aiguisées s'approchèrent de l'encolure et tranchèrent jugulaire et carotide. Le sang abreuva le chasseur, le sang abreuva le sable…

David releva la tête, et hurla. Ses envies de meurtre n'étaient toujours pas comblées. Il lui fallait autre chose que ce breuvage rouge qui giclaient des vaines des créatures terrestres. Au fond de ses entrailles, au fond de son esprit, il devinait ce qu'il lui manquait : il devait ôter la vie à un de ses semblables, il devait imposer sa force à tous les autres lycans. Le loup-garou hurla de nouveau. Il sentit son cri lui déchirer la gorge tant il était chargé de défi, de haine et de colère, tant il était puissant.
Et pendant quelques secondes, le métamorphe resta stupéfait. Quelque chose venait de répondre à son cri. Au nord, à quelques centaines de mètres. Le vent se leva de nouveau, mais il soufflait dans toutes les directions à la fois. Une odeur âcre d'hémoglobine se faisait sentir au gré de ses tourbillons. Sang du cheval qui finissait de se vider dans le creux de la dune mais également sang d'une autre créature qui devait agoniser par delà les crêtes de sables.
Une nouvelle force jaillit dans les muscles du loup, une nouvelle vigueur s'écoulait dans son corps. Le pelage agité par la tempête naissante, il galopa droit vers le nord, droit vers le cri…
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MessageSujet: Re: Textes de Mai en Lice   Textes de Mai en Lice EmptyDim 27 Mai 2007 - 8:19

Texte numéro 2




Assis sur le sommet d’une immense dune, David contemplait la pyramide. Elle était parfaitement lisse, éclatante de blancheur, au point qu’il était quasiment impossible de la regarder fixement pendant la journée. Mais sous la clarté de la lune, les reflets bleutés qui jaillissaient de sa pointe d’électrum lui donnaient des allures de phare guidant les nomades dans le désert. Si une divinité quelconque avait eu l’idée saugrenue de donner la parole à cette amas de pierres, nulle doute qu’elles auraient appelé à l’unisson vers leur admirateur…
- David !
La voix le fit sursauter, le sortant de ces réflexions. Cela faisait maintenant deux jours qu’il avait échappé à la mort face au Père François de Erstin, deux jours que le spectre avait disparut – l’abandonnant nu et seul – , deux jours que les bédouins l’avaient recueilli et soigné. Mais pendant tout ce temps, les pensées de David revenaient systématiquement à cette construction du fond des âges. Il en était persuadé à présent, toutes les réponses étaient là, à l’intérieur. Tout le poussait à y entrer, y compris ce vent, invariablement présent et orienté vers ce palier, lancinant, comme s’il était décidé à ne cesser que lorsque David se déciderait enfin à le franchir. Malgré tout, il ne parvenait pas à s’y résoudre.

Son interlocuteur se tenait à présent debout à côté de lui, drapé dans des vêtements aux couleurs traditionnelles qui ne laissaient entrevoir que son regard déterminé.
- Si tu ne souhaites pas y aller rien ne t’y oblige. Saches cependant que nous ne pouvons pas rester ici indéfiniment. Gabriel ne s’arrêtera pas sur un échec.
Milena avait ce don d’être toujours franche et directe. Elle ne donnait jamais plus d’informations que nécessaire. David ne savait rien d’elle. Pourquoi l’avait t’elle sauvé dans les ruelles sombres de Vitry ? Comment en était-elle arrivée si rapidement à diriger une caravane à travers le désert pour le retrouver ? Que savait-elle de lui que même le spectre semblait ignorer ? La seule fois où David se sentit le courage de lui poser une question, elle se contenta de répondre par une simple formule : « les réponses viendront en temps opportun ». Voilà pourquoi David fit mine de ne pas s’intéresser à sa présence, dans un premier temps, puis la curiosité se fit trop forte pour être contenue.
- Que vais-je découvrir une fois là-bas ? Qu’y a-t-il en moi qui justifie que des êtres qui n’ont rien d’humain me pourchassent avec autant d’acharnement ? Il y a à peine quelques semaines, je croyais que mon destin serait de mourir dans une ultime crise de folie, dans un recoin sombre et puant de ma chambre…
- Ton destin est bien plus grandiose. Mais tu dois d’abord choisir.
Milena s’accroupit finalement en face de lui et le dévisagea. David fixa ces yeux qui reflétaient toute la force de son caractère.
- Assumer ce que tu es ou fuir pour le restant de ta vie. Nous conduire à la victoire ou mourir comme un misérable humain…
Après avoir marqué une courte pause elle reprit :
- …entrer dans ce tombeau et apprendre ou pourrir dans ce désert avec tes regrets.
- De quelle « victoire » parles-tu ? Je n’ai aucun talent pour la guerre. Je lutte déjà pour rester sain d’esprit – ai-je vraiment réussit ? – et au-dedans de moi je sens bien qu’un autre conflit à lieu avec cette chose.
- Cette chose fait partie de toi ! Arrête de la voir comme une malédiction ! Ne pense plus en tant que « David », tu sais maintenant que tu es bien plus que cela. Tu ne te rends pas compte des enjeux.
- Comme le pourrais-je ? Personne ne daigne m’expliquer ce qui ce passe. Et quand on me répond enfin, c’est au moyen de phrases plus énigmatique les unes que les autres.
- Parce que tu sais déjà tout ce dont tu as besoin.
Elle pointa un doigt accusateur vers le front de David, et ajouta :
- Les informations sont là. Tu n’as qu’une seule chose à faire pour ouvrir ton esprit, mais tu t’y refuses.

David détourna le regard vers la cavité sombre qui s’engouffrait dans le monument. Il tremblait. Il savait qu’elle disait vrai et chaque parcelle de son être refusait la possibilité de repartir en arrière. Il avait vécu trop de chose depuis son évasion pour s’arrêter là. C’était un point de non-retour.

A ce moment, une lueur étincelante décrivant toutes les nuances de l’arc-en-ciel déchira violemment le calme désertique. Le faisceau sortait du tombeau dans un bourdonnement sourd et puissant, au point que le sable des dunes alentours se mit à glisser. Milena laissa alors pour la première fois tomber le voile qui couvrait son visage et esquissa un sourire. Sans se retourner, elle savait se qui se passait. David la regarda avec stupeur, comme pour lui demander si c’était lui qui avait provoqué cette réaction.
- Ils te donnent une dernière chance d’y aller.
- « Ils » ?
- C’EST MAINTENANT OU JAMAIS !
Bien que ces derniers mots laissaient entrevoir un choix, David su qu’il s’agissait en fait d’un ordre. Un déclic eu lieu dans sa conscience torturée et il cessa alors instinctivement de réfléchir, guidé par une force nouvelle qui balayait d’un seul revers tous ces doutes. Grâce à Milena il avait compris qu’il ne pouvait pas marcher indéfiniment sur la ligne, il devait la franchir, d’un côté ou d’un autre. Il se mit à courir sur le sable mou avec une agilité déconcertante. Au fur et à mesure qu’il approchait du faisceau, le vent se faisait de plus en plus fort dans son dos, comme pour l’aider à accomplir son destin. Sa peur s’estompait. Quand il fût enfin dans l’axe du rayon étincelant, bien en face de l'ouverture, il se campa droit sur ces jambes et respira calmement.

Il jeta un dernier regard en direction de Milena, perchée au sommet de la dune qu’il venait de dévaler. Elle lui fit un simple geste de la main, mimant celui que font les galants pour céder le passage à une dame. David prit alors une dernière inspiration et fixa la source de lumière. Bizarrement, il n’était pas éblouit et distinguait parfaitement les contours de la porte. Il s’avança.

***


Les Maîtres s’échangeaient des regards inquiets. Le bâtard d’Imzzelgom avait eu accès à la connaissance, ils le savaient. L’un d’eux hasarda :
- N’y a-t-il plus rien que l’on puisse faire ?
- Tout dépend de lui maintenant. Il connaît la véritable nature de son identité, de la nôtre et de l’univers. Il est le Premier, de ces choix dépendra le futur de tous les mondes. A notre niveau nous ne sommes plus rien qu’un obstacle sur son chemin, seul le Divin peut encore nous donner la puissance qu’il faut pour le contenir.
- Puisse le Divin nous sauver.
Le plus ancien membre du conseil leva alors la main. Les autres se turent.
- Malgré toute la puissance dont il peut disposer, il n’en reste pas moins semblable à un enfant. Et les enfants sont manipulables. Le vrai danger n’est pas dans ses dons mais dans l’utilisation qu’il en fera. C’est à nous de nous assurer que ce sera pour le bien.
Tous les Maîtres hochèrent la tête, acquiescant cette conclusion.

***


David était baigné dans la clarté. Le temps paraissait suspendu. Les images déferlaient dans son esprit, depuis les origines de tout ce qui existe… La sensation d’immensité lui donnait le vertige. Le bruit de vibration qui l’entourait pris peu à peu des allures rythmiques, mais dans son euphorie, David ne perçu que plus tard ce qui était en réalité des paroles chargées d’un message qui lui était adressé.
- Une infinité de monde pour une infinité de choix. A chaque décision, à chaque instant de nouveaux mondes sont créés et l’univers des possibles augmente sans cesse.
Cette révélation était plus stupéfiante que l’ensemble des hypothèses qu’il avait pu échafauder. David aurait accepté d’apprendre qu’il était un prince des ténèbres exilé ou le produit d’une expérience mystique ratée. Il avait même souvent envisagé qu’il était mort dans son manoir et que ces rêves n’étaient en réalité que cette « autre vie » à laquelle les humains aspiraient. Mais jamais dans ces poèmes les plus inspirés d’autrefois David n’avait eu pareille idée.
- Souviens toi de Gabriel, Imzzelgom, Samaël, Lilith, Raphaël…
Et la liste continuait. L’afflux des souvenirs également. Tous ces noms… et autant d’entités qui peuplaient le monde de David, celui par lequel tout avait commencé. Le plus ancien. Le plus avancé. Celui où les hommes n’étaient plus depuis longtemps des tas de chair si fragile. Celui où chacun a aujourd’hui conscience de l’ampleur réelle de la création et ont appris comment en explorer tous les niveaux.
- Tu es le Premier-né, l’Hybride, le rejeton créé par Imzzelgom.
Dans ce lieu où les êtres se rapprochent le plus de ce que l’on considère ici bas comme parfait, l’orgueil était malgré tout resté l’un de leurs défauts majeurs. Alors que leur durée de vie ne se compare qu’à l’éternité, ils avaient choisis de brûler les étapes. Emprisonnés dans leurs certitudes de pouvoir jouer à être des dieux, ces personnes n’avaient pas prévu un seul moment les conséquences de leurs actes…
- Tu es le maillon principal de la chaîne qui relie toutes les réalités. Tu es l’omniscient. Le centre de la toile vers laquelle convergent les fils de l’espace et du temps…

***


A l’instant où David avait franchit le seuil de la pyramide, le faisceau multicolore et le bourdonnement avaient disparut instantanément. Milena poussa un soupir. Les troubles psychiques de David serait un sûrement un frein à ces actions. Maintenant que son pouvoir avait grandit, nul doute que le Divin s’empresserait de supprimer tous ceux qui pourraient lui venir en aide à son retour. Et pendant que la structure s’enfonçait doucement dans le sable, remodelant du même coup le paysage, Milena regarda vers l’horizon. Les premières lueurs de l’aube commençaient à poindre dans des coloris flamboyant, célébrant de façon désinvolte les évènements qui eurent lieu cette nuit-là. Mais Milena ne le savait que trop bien : le temps de se réjouir n’était pas encore venu.

A cet instant précis, alors que tout semblait serein et inchangé, une guerre sans précédent venait de commencer.
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MessageSujet: Re: Textes de Mai en Lice   Textes de Mai en Lice EmptyDim 27 Mai 2007 - 8:20

Texte numéro 3




« David, réveille toi. Tu ne peux arrêter maintenant. Ta destinée t’attend. »

David ouvrit les yeux, et la voix s’évanouit dans le vent. Sans bouger un muscle, il essaya de se souvenir ce qui venait de lui arriver. Des bribes de sa mémoire lui revinrent petit à petit. Il se revit, s’éveiller dans le désert, au milieu de débris de bois, probablement une caravane. Pourtant il était encore et toujours seul, seul dans ce désert ardent.

Seul et nu.

« Suis Chamsin, suis…Chamsin…. » entendit-il comme un lointain écho de son passé.

Un pied devant l’autre, David avançait difficilement dans le sable en direction de la porte de la pyramide, unique espoir dans un horizon de lassitude. Plus il marchait, plus son corps, embraser par le souffle de Chamsin, pesait sur ses maigres jambes. Tout son être maudissait le spectre. « Pourquoi » était le mot qui lui revenait le plus en tête. Tant de question qu’il se posait, mais une seul l’intéressait : « Pourquoi avait-il suivit le spectre la première fois ? ». Le jeu en valait-il bien la chandelle ? Il en vint même à se maudire lui-même quand il arriva devant l’entrée gigantesque taillée à même la construction de pierre. Il chercha quelques instants alentour, mais il ne trouva personne pour venir le guider. Seul Chamsin le poussait à entrer par l’ouverture obscure. David observa attentivement l’intérieur sombre de la bâtisse et l’immensité de sable qui l’entourait plusieurs fois, ne sachant pas quoi décider. Aucune des voies qui s’ouvraient à lui ne lui plaisait. Mais ainsi seul et perdu il ne tiendrait pas bien longtemps. De plus, en entrant ne trouverait-il pas les réponses à ses questions ? D’un pas plus assuré, il s’approcha lentement, et fut soudain aspiré à l’intérieur par une force contre laquelle il ne put résister.

Absorbé par le néant, David sentit une douleur atroce s’emparer de son corps. Dans l’obscurité lui parvint alors des visions d’horreurs, de sang et de corps mutilés. Des cris d’effroi perçaient à travers son cerveau. Il perçut sa peau se déchirer en un millier de lambeau sous l’action de mains glacées. Il hurla et son cri se perdit dans le vide. Seul restait les appels à l’aide et les hurlements. Un mal qu’il ressentait de nouveau en lui. David posa ses mains sur son cœur et implora qu’on le pardonne pour tout le mal qu’il avait pu faire, que ce n’était pas lui, qu’il n’y était pour rien. Mais le vacarme ne cessa pas. Ce fut quand il crut que son corps explosait en un milliard de cellule qu’il perdit connaissance.

« Pauvre David, perçut-il au loin. La vie ne t’accepte pas. »

Il se releva péniblement, essuyant du revers de la main ses yeux. Un vent glacial vint lui mordre les chairs. Il observa son environnement. Où avait-il atterrit encore ? La pyramide n’était plus. Chamsin non plus. Celui-ci avait laissé sa place de guide à Karaburan.

Karaburan, quel dessein soutiens-tu ?

David posa les yeux sur les piliers et les murs qui l’entouraient, constitués de pierres affaiblies, vieillies par le temps, le vent et la pluie. Un trait qui lui rappelait sa propre personne, vider de ses forces par des années d’isolement. Et pourtant, malgré les années, les murs ne semblaient point faiblir. Un ciel sans lune surplombait la cour. Des statues dorées éclairées aux bougies, habitaient quelques autels. Une odeur d’encens emplissait l’air. Le vent souffla plus fort à travers les colonnades, raidissant les muscles de l’hybride, glaçant son sang à travers tout son corps.

« David… David… »

Il commença à paniquer, regardant affolé autour de lui. Mais rien ne bougeait.
- Qui est là ? hurla-t-il à bout de souffle avant de tomber à genoux.
- Je ne suis pas ton ennemi, dit une voix portée par le vent.
- Alors si tu ne l’es pas, montre toi !

Devant lui, entre les colonnes apparut une jeune femme, drapé de blanc. Elle posa ses yeux azur sur l’hybride encore à genoux, et s’approcha de lui.
- Tu n’es pas un monstre, David, s’exclama-t-elle en passant une main sur le visage terni du jeune homme.
- Qui es-tu ? Je ne te reconnais pas…
- Et pourtant moi je te connais, le coupa-t-elle.
- Où suis-je ? Que m’arrive-t-il ?gémit-il
- Tu es sur la voie de ton destin, sur la voie de ton passé.
- Mon destin dis-tu ? Ma vie serait-elle destiné à être remplit de souffrance, dit-il avec colère.
- Seul toi décideras de ton destin. Tes choix modèleront ton avenir.
- Serait-ce le destin qui m’a conduit ici ?
- Le destin n’existe pas, David. Tu es ici pour découvrir qui tu es vraiment, et décider de ton futur, et de celui de beaucoup de monde…
- Je ne suis plus que l’ombre d’un humain. Je suis un monstre, une aberration. Mes parents le savaient. Je comprends maintenant leurs réactions.
- Tes parents ne savaient pas tout, ils ne pouvaient pas savoir, dit-elle en l’aidant à se relever. Et pourtant, ils t’aimaient.

**
*


Devant la pyramide du désert, au même instant.
« Comment fais-tu, David, pour parcourir tant de chemin… Mais tu peux parcourir tout Gaïa, je serai toujours sur tes traces… Car telle est ma mission »

**
*


Assis au pied d’un pilier, David reprenait des forces, sentant son esprit s’apaiser pour la première fois depuis sa fuite de sa cellule. La cour du temple dans laquelle il se trouvait baignait dans le silence d’une nuit calme, bercer par la brise. Ses yeux scrutait le lointain à la recherche de réponses à son éternel question : « pourquoi ? ».
« Un jour, David, tu trouveras les réponses à tes questions », lui avais dis son père un jour. « Il faut juste attendre et poser les bonnes questions. »

- Quel est cet endroit ? demanda-t-il en se levant.
- Nous sommes au cœur de ton âme. Toutes les énigmes de ta vie trouveront réponses dans ce voyage, répondit-elle
- Quelle folie dites-vous là ? Où est Vitry ?
- Désires-tu tellement retourner à ta vie d’antan, David ? N’es-tu pas désireux de connaître la vérité.
- Si vérité et souffrance ne font qu’un…
- La souffrance n’est qu’un prix à payer.
- …

Des bourrasques de vent balayèrent la cour, lacérant la peau de David. Une flèche vint se planter juste à ses pieds. Il regarda en direction des colonnes qui lui faisait face. Quelqu’un se tenait là dans l’obscurité, un arc à la main. La peur gagna l’hybride, une peur qui fût apaisé par la main de la femme se posant sur son bras. L’archer sauta et atterrit sans le moindre son. Doucement, il s’avança vers David.
- Tout à une raison, David, soupira-t-elle. Il faut que tu trouves les réponses à ton existence.
- De quoi parles-tu ?
- Je parle de tes origines. Tu sais déjà que ton père n’est pas celui que tu croyais. Mais ta mère…
- Quoi ?

David regarda l’archer s’approcher encore, et plus il approchait, plus David sentait monter en lui la colère.
- Père François, que faites-vous ici ? cria-t-il de colère.
- Je suis venu tuer le démon qui se cache en toi. Je ne peux le laisser prendre plus de pouvoir, dit-il en ressortant son poignard. Le divin espère toujours. Mais je crois qu’il est trop tard.

Le père François empoigna de nouveau la gorge de David, comme il l’avait fait devant la pyramide. Il le souleva de terre.
- Pourquoi ? s’époumona David
- Non David, hurla la jeune fille avant se tordre de douleur au sol. Tu ne dois pas céder.
- Qui est-ce ? demanda le prêtre sans attendre de réponse.

Le père François leva la lame bénite, lorsque la douleur dans son bras l’obligea à desserrer l’étreinte dans laquelle il retenait l’hybride.
- Gabriel, que fais-tu encore ici ? demanda le spectre.
- Encore toi, mais qui es-tu ?
- Je suis ce que tu répugnes le plus. Je suis ce qui est le moins désiré, et pourtant je suis là. Va-t-en Gabriel, tu sais bien que tu n’auras pas l’avantage sur nous. Nous sommes trop fort.
- David, tu peux combattre le démon.
- Balivernes, s’écria le fantôme. Il est trop faible pour combattre qui que ce soit.
- David, le Divin espère toujours.

Gabriel recula d’un pas, et dans un battement d’ailes, s’envola, laissant ses adversaires dans la cour du temple.
- Maître, vous êtes si faible, souri le spectre en regardant Gabriel s’envoler
- Assez, hurla David. Où est-elle ?
- Où est qui ? Que me racontez-vous là.
- Il y avait ici une jeune femme, et maintenant elle n’est plus.
- Pourtant je ne vois que moi dans la cour
- Suis Karaburan, continue ton périple, entendit David
- Que viens-tu de dire ? demanda-t-il.
- Moi ? je n’ai rien dis Père, répondit le spectre.
- Ce n’était peut-être qu’une hallucination, une souffrance de plus, soupira-t-il.
- Retrouve tes origines, élucide les énigmes de ton existence, entendit-il à nouveau.

David sentit son corps s’engourdir, ses jambes fléchir sous son poids. Tout devint trouble, et il tomba à terre, inconscient.
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