Les Songes du Crépuscule
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 Textes de Septembre

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Aytan
Rêveur d'arbres et d'étoiles
Aytan


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MessageSujet: Textes de Septembre   Textes de Septembre EmptyJeu 27 Sep 2007 - 0:28

Texte 1




- Notre Père, commença un Archange agenouillé dans les Ténèbres. J'ai pêché par orgueil. Je pensais sincèrement pouvoir éliminer l'Hybride d'une flèche, ou tout du moins, l'handicaper suffisamment pour que les Séraphins puissent l'achever. Quelle victoire cela aurait été… Je t'en prie, accorde-moi l'absolution.
Gabriel se releva. A son grand dam, aucune lumière, divine ou autre, ne perçait le brouillard environnant. Il porta la main à son côté, mais son épée avait disparu. Il en allait de même de son carquois, de ses habits. Un sentiment de malaise envahit la créature angélique. Cette sensation n'était en aucun cas liée à sa nudité, mais à l'environnement des plus étranges dans lequel il se trouvait à présent. Il y avait quelque chose dans les volutes pâles… Non… Non, pas quelque chose, quelqu'un plutôt. Il y avait une créature qui se dissimulait dans ces spirales grises, qui épiait l'Archange.
- Qui va là, tonna Gabriel, bombant le torse et déployant ses ailes immaculées.
- Les Seigneurs du monde hors des mondes, répondit une voix d'outre-tombe, qui semblait venir de toutes les directions à la fois. Les oubliés des mondes…
- Montrez-vous, ordonna l'Ange. Montrez-vous ou j'en conclurai que vous êtes démons ou apostats.
- Oubliés, mes frères, vous entendez. Oubliés nous sommes, même par celui qui est appelé Gabriel, le Messager du Divin.
L'Archange fut soudain soulevé du sol et maintenu en l'air par une force incroyable. Il eut beau tenté de bouger les bras ou les jambes, rien n'y faisait. L'être ferma les yeux et se concentra, tentant de rejoindre un monde, n'importe lequel. Stonelink par exemple, où une partie des forces angéliques attendaient pour attaquer l'arrière-garde des armées démoniaques, si celles-ci ne pouvaient être contenues par les Neuf Portes. Le corps de Gabriel trembla, son pouvoir affrontant les liens invisibles qui l'enchaînaient. Des sueurs froides coulèrent bientôt le long de l'arête de son nez, de ses cheveux, de son dos. Elles étaient dues à l'effort intense que l'Ange fournissait, mais surtout à la peur qu'il ressentait soudain, qui s'abattait sur lui telles les foudres divines. Gabriel laissait derrière lui une bataille à l'issue incertaine, un monstre effroyable de puissance, et se retrouvait dans un brouillard obscur, à la merci d'une entité inconnue. Il était détestable en vérité. Sa fierté l'avait conduit à déserter sa propre Porte, à laisser ses capitaines seuls dans une bataille capitale. L'Archange ne craignait pas la mort au combat. Il craignait de périr en ce lieu, ridiculisé et éliminé par l'Hybride. Inutile à la cause du Divin…
Une nouvelle fois, Gabriel tenta de rallier un autre monde. Les plumes de ses ailes en frémirent, ses yeux se révulsèrent, ses tempes battirent douloureusement. Que ce soit les Enfers, ou le Paradis, qu'importe ! N'importe quoi sauf ici !
- Inutile de te débattre, petit Angélus, commença une voix, différente de la précédente, plus… réelle. Tu es en notre pouvoir en ce lieu.
Le brouillard s'ouvrit comme s'ouvrit la Mer Rouge le fit autrefois, et au loin, une silhouette apparut. Gabriel crut s'étouffer de rage en reconnaissant la démarche de celui qui approchait et se débattit un peu plus. Lycan ! Le Lycan maudit entre tous venait à sa rencontre !
- David, murmura-t-il, qu'as-tu fait de moi ?
La créature continua son avancée, sans presser le pas. Les volutes brumeuses se tendaient vers son corps et s'enroulaient autour de ses membres, la faisant paraître plus spectrale, plus dangereuse encore. Le loup-garou ne fut bientôt plus qu'à quelques mètres de Gabriel et ce dernier se rendit compte de son erreur. L'être qui se tenait devant lui était un lycanthrope, cela ne faisait aucun doute. Mais il était tout aussi sûr qu'il ne s'agissait ni de David, ni d'Imzzelgom. Ce loup là était habillé de cuir incrusté de quolifichets de toutes sortes, crânes, dents, perles et portait de nombreux bracelets et colliers métalliques.
"Vit-il en permanence sous cette forme pour pouvoir endosser de telles affaires, se demanda l'Archange, ne redevient-il donc jamais humain ?"
- Sois le bienvenu, entre les Mondes, Archange Gabriel. Sois le bienvenu dans les Interstices, où sont exilés les Enfants de Gaïa…

***


- Elemiah ! Cahetel ! Faites sonner la retraite ! Maintenant !
Un son de corne retentit dès que le Metatron eut fini de parler. Sous le regard de celui qu'on appelait la Voix de Dieu, la Première Porte était en train de se liquéfier. Des pans entiers de murs s'écroulaient, forçant les Séraphins à s'envoler précipitamment et à s'offrir sans aucune protection aux archers et arbalétriers des légions démoniaques. Le Metatron vit tomber son capitaine Letael. Il ne bougea pas. Il regardait le corps tomber au milieu de la piétaille démoniaque, le chaos s'emparer de son armée, il pouvait discerner le spectre de la défaite étendre sa main au-dessus des ruines, à la vitesse du liquide rejeté par les entrailles de l'Hybride. La Première Porte était perdue. Gabriel était perdu. Et en face ? Combien de légions avaient péri sous les traits ou les coups désespérés portés par les défenseurs ? Une ? Deux ? Sûrement pas plus…
Un coup d'ailes vigoureux souleva le Metatron de quelques mètres au-dessus du mur. Il se maintint à cette hauteur, irradiant une lumière d'une pureté exceptionnelle. Du temps où le Divin côtoyait ses l'Anges, il était le plus proche du Père, et cette proximité se ressentait encore dans l'aura limpide qui l'entourait. Les légions de Samaël – ou était-ce maintenant celles de David – eurent tôt fait de le prendre pour cible, mais de la même façon que l'Hybride avait été épargné par les flèches et les carreaux, l'Archange ne fut jamais touché.
Ainsi, le Metatron couvrait la retraite de ses troupes. Il avait fait de son mieux, et il avait pu jauger l'ennemi durant cette bataille. Pour son propre malheur et celui de ses frères, il voyait maintenant à quel point l'Hybride était proche de l'Omnipotence. L'Archange s'éleva un peu plus, et jeta un dernier regard vers la Porte. Appuyé contre le linteau effondré, se tenait encore le fils d'Imzzelgom, le souffle court semblait-il. Pendant quelques battements de cœur, le Metatron fut tenté de l'attaquer de front, mais le fléau qui s'était abattu sur Gabriel lui revint en mémoire. Le Lycan leva soudain les yeux, et les deux créatures, Angelus et Apostat, se regardèrent. Une seconde durant, l'archange crut percevoir une étincelle de tristesse percer les pupilles ténébreuses de David. Juste une seconde.
Cela suffit à jeter le trouble dans l'esprit du vaincu. Se pouvait-il qu'un reste d'humanité puisse résider dans cet être si répugnant ? Imzzelgom n'avait-il pas annihilé la dernière flamme humaine de son âme, mais l'avait seulement recouverte de cendres ? Le Metatron leva son épée pour défier son adversaire, et à sa grande surprise, le Lycan lui rendit son salut.

David avait toujours les yeux braqués sur l'horizon, bien après que l'Archange eut disparu. Bientôt, lorsque le fleuve corrosif dont il était le responsable aurait disparu, son armée pourrait s'avancer vers la Seconde Porte…

***


Autour d'un feu de camp, un Ange et une dizaine de Loup-garou parlaient. Les Lycans avaient conté à leur invité imprévu la façon dont Imzzelgom avait trahis les enfants de Gaïa, avant de se proclamer Seigneur de l'Apostasie. Comment il avait emprisonné ceux qui étaient autrefois ses frères dans ces limbes, ces Interstices, cette place de ténèbres et de brouillard qui bordait et baignait l'infinité des mondes physiques.
Gabriel expliqua aux Enfants de Gaïa la situation. Il commença son histoire à Vitry, lorsqu'il espionnait pour le compte des Maîtres sous la forme du Père François de Erstin, il passa sous silence la façon dont il avait attaqué David autrefois, avant qu'il n'accède à la Pyramide, ce qui avait vraisemblablement précipité l'Hybride dans les bras de son Père. L'Archange s'attarda par contre sur la difficulté dans laquelle se trouvaient les Angéliques, et sur les fléaux qui s'abattraient sur l'ensemble des mondes si les Neuf Portes étaient prises par Samaël et le Tombeau des Quatre Cavaliers ouvert.
- Pauvre Angélus, dit un Lycan accroupi, qui n'est capable de voir que les intrigues qui l'opposent à Samaël.
- Comment ça, répondit Gabriel. M'avez-vous écouté ? Vous rendez-vous compte de ce qui arrivera si la Mort, la Pestilence, la Famine et la Guerre sont libérées ? Apocalypse, chapitre VI, vers 8 : "Et j'ai regardé, et sur un cheval pâle se dressait la mort et l'enfer le suivait. Le pouvoir de tuer avec l'épée et par la famine toutes les créatures de la terre."
- Nous ne connaissons pas tes écritures, Angélus. Nous ne connaissons que ce que nos mémoires renferment, et les faits, vus par tes yeux. Tes Cavaliers sont un mythe, crois-tu vraiment que les créatures de cet univers aient besoin d'eux pour combattre ? Donne un cheval à David, et tu verras alors la Mort chevaucher ! Il correspond déjà à cette description, il est déjà suivi par les Enfers. Tes paroles renferment de sombres présages, mais aucune vérité.
- Nous connaissons Imzzelgom, mieux que n'importe qui, continua un deuxième loup. Il est impensable qu'il ait enfanté une créature telle que l'Hybride que tu nous as décris simplement pour servir le Porteur de Lumière. Il poursuit ses propres buts.
- Que contient le Tombeau selon vous, Samaël le sait-il ?
- Mais au diable cet Ange déchu ! Oublie le Tombeau ! Abandonne cette bataille, car elle est perdue d'avance et concentre toi sur la lutte contre David, et seulement David. De plus, ne vois-tu pas qu'il y a un traître parmi les tiens ? Si les Neuf Portes condamnent le passage pour les Apostats et les Démoniaques, comment expliques-tu qu'Imzzelgom ait réussi à passer ? Quelqu'un l'a aidé, quelqu'un de chez toi !
- Le traître a déjà été trouvé, lâcha Gabriel. Nous prenez-vous pour des ignares ? Il s'appelait Ariel, et était une Vertu au service de Michaël. Il s'est arraché les ailes et s'est tué par la suite, en nous laissant un parchemin contenant ses aveux complets.
Quelques rires s'élevèrent dans l'ombre. Les jeunes Lycanthropes qui erraient à la limite de la lumière du feu de camp semblaient trouver les derniers mots de l'Archange particulièrement drôle. De longues minutes s'écoulèrent alors. Gabriel se sentait empli d'une grande lassitude. Il avait l'impression d'être devant les Maîtres, ceux à qui les Archanges devaient rendre des comptes.
- A ta place, dit le vieux garou, je ferais comme si le traître courait toujours… Maintenant, rallie-toi à nous, et conduits-nous à Vitry. Toi qui connais cette ville, montre-nous la mère de l'Hybride. Un loup n'oublie jamais celle qui l'a enfanté, celle qui l'a abrité dans ses entrailles, celle qui l'a nourri de son lait… Elle est peut-être la clé pour arrêter ce monstre, et rétablir l'équilibre que réclame Gaïa.
- Je vous aiderai à quitter ces Interstices, répondit enfin l'Archange. De cela soyez-en persuadé… Et je vous conduirai jusqu'à Vitry, à l'unique condition que quelques uns de vos braves acceptent de se joindre à moi pour défendre les Portes. S'il reste quelque chose à défendre quand nous serons retournés là-bas...
- Qu'il en soit ainsi, dit le vieux Lycan en se levant. Suis-nous maintenant, ne perdons pas plus de temps. Nous allons te mener jusqu'à la créature gardienne qu'a enrôlé Imzzelgom pour nous empêcher de sortir par nous-mêmes. C'est un Oiseau qui ne se pose jamais, voilà pourquoi nous ne pouvons le tuer. Heureusement que tu as des ailes toi aussi…

***

- Metatron ! Comment te sens-tu ?
Epuisé par son vol jusqu'à la Deuxième Porte, l'Archange s'était à moitié écroulé derrière les remparts gardés par les Chérubins. Après plusieurs inspirations, il se releva péniblement et se tourna vers son interlocuteur.
- Sélaphiel ? Mais que fais-tu ici ? Pourquoi Jophiel n'est-il pas en position auprès de sa propre Porte ?
- Aucune idée. Il m'a fait mandé en toute hâte et s'est contenté de me dire qu'il avait quelque chose de très important à faire, répondit Sélaphiel d'une voix… carnassière.
- Quelque chose de très important ? Plus important que combattre les Légions Démoniaques… Nous sommes au plus mal. L'Hybride est fort, immensément puissant. Il nous a chassé de nos murs en un rien de temps, sans que nous puissions occasionner de vraies pertes à l'ennemi. Et comme si cela ne suffisait pas, Gabriel a disparu…
- Oh, se contenta de dire Sélaphiel. Gabriel n'a pas réussi à accomplir la mission dont nous avions parlé. Et bien, que ce David vienne, j'ai hâte de le… rencontrer…


Dernière édition par le Jeu 27 Sep 2007 - 0:31, édité 1 fois
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Aytan
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MessageSujet: Re: Textes de Septembre   Textes de Septembre EmptyJeu 27 Sep 2007 - 0:30

Texte 2




CHRONIQUES DES GUERRES SAINTES
Journal des batailles de Gabriel

(…)

45

Au cœur des préparatifs pour la défense des portes, je fus appelé à me présenter devant le conseil des grands maîtres. L’échange se conclut brièvement. Les 24 anciens avaient découvert qu’un traître gangrenait l’armée du Juste. Je fus stupéfait d’apprendre que l’un des nôtres n’était plus auréolé de pureté et pourtant demeurait au milieu de nous. L’un des nôtres ne méritait plus son titre de Saint mais personne ne l’avait soupçonné jusqu’à ce jour. L’un des nôtres était devenu un Apostat. Le Divin, dans sa bonté, était sûrement prêt à absoudre le renégat si celui-ci se montrait repentant. Mais les anciens, choisis autrefois parmi les enfants de Gaïa, avaient gardé une vision plus humaine et tranchée de l’application des saintes lois. J’appris alors que cette mission m’était confiée comme une ultime chance de rattraper mes précédents échecs, lorsque je faisais face à l’Hybride.
Alors que j’arrivai à hauteur de la première porte, la bataille était déjà sérieusement entamée. Mon cœur était partagé entre le désir d’accomplir mon devoir et l’envie de laver mon honneur. A la vue de l’Hybride qui prenait part au combat, mon choix se fixa orgueilleusement sur mes objectifs personnels et je me décidai à l’affronter. J’étais résolu à ne laisser aucun spectre ni lupin me surprendre et m’interrompre lors de ce nouvel affrontement. Mais mon destin, si le Seigneur m’en avait attribué un, n’était nullement de gagner ce duel. L’Hybride entra dans une transe et déploya un pouvoir que je ne lui connaissais pas. Une masse nébuleuse émanait de lui. Dense. Mouvante. Telle une main d’une puissance incroyable, les ténèbres me saisirent et m’enveloppèrent. Une fois encore j’avais sous-estimé les capacités de ce bâtard.

46

Je me réveillai dans un endroit étrange, dont le paysage en teintes de gris n’avait aucune limite, aucune arête ni ligne d’horizon, aucun repère visuel. Le néant. Alors que je priai le Divin de me pardonner d’avoir désobéit, une main se posa sur mon épaule. A mon côté se tenait un homme malingre, au teint blafard et aux vêtements poisseux. L’entité se mit à me parler par énigmes, comme l’ont fait maints prophètes avant lui. Il me narra l’épopée de David, enfant renfrogné dans son manoir, qui avait finalement suivit un être lactescent pour assouvir sa quête de liberté. Mais il n’avait en fait pu que troquer son mal contre un autre : en lieu et place d’une maladie, ce David vivait depuis une véritable malédiction. Selon mon interlocuteur, le point de non-retour dans cette chronologie du pire se situait à Vitry. Lors de ma venue dans son monde, David était effrayé de sa propre nature et aurait sans doute préféré retourner auprès des siens ou mettre fin à ces jours plutôt que se montrer responsable d’une guerre où allaient mourir autant d’augustes serviteurs du bien. En écoutant ces propos, je ne pouvai me résigner à croire que mon intervention ait pu avoir tant de conséquences. Mais les faits étaient exposés clairement par l’individu. En traquant David, je l’avais poussé à vouloir comprendre qui il était réellement. Sa fuite en avant l’avait rapidement mené jusqu’à cette maudite pyramide…
Une voix forte, tonnant mon nom, interrompit mes réflexions. Un second personnage ressemblant traits pour traits au premier me regardait l’air rogue. Le nouvel arrivant prit la parole et me démontra que le spectre envoyé par Immzelgom avait sans aucun doute une plus grande part de responsabilités. Il accusa les grands maîtres de ne pas m’avoir suffisamment tenu informé de la véritable nature de l’Hybride. Tout comme mes pairs, je le croyais issu d’une union contre nature d’Immzelgom. En réalité, si l’Apostat était bel et bien à l’origine de la manigance, il n’était point le géniteur de la Bête. Et la femme humaine n’avait servi que de mère porteuse. Mes yeux s’écarquillaient en entendant cette thèse. Alors que je décidai de ne plus en écouter d’avantage, l’argument suivant me fit l’effet d’un couteau en plein cœur. Le personnage, l’air fier et sûr de son raisonnement, me demanda si je savais pourquoi l’on surnommait David « le Premier ».

47

J’étais tourmenté par les deux apparitions. Les deux entités s’accusaient mutuellement de tromperies, mensonges et diffamations. Je perdis pieds et hurlai alors, exigeant le silence. Au cœur des limbes grisâtres, je me souvins du passé de David. Il fut autrefois bon écrivain et développait dans ces écrits les aventures d’un homme lui ressemblant, mais ne possédant néanmoins aucun de ces défauts. Je compris à cet instant que j’étais – je ne sais comment – en présence des deux aspects de sa personnalité. L’être malade étant sa part humaine, faible qui n’avait vécue que grâce à l’autre partie, idéalisée et arrogante, représentant ses tendances bestiales. Quand David avait cessé d’écrire, cessé de retenir ses instincts enfouis, se fut à cette époque que l’Hybride commenca à tuer… pour aujourd’hui prendre complètement le contrôle.
Perdu, et ne pouvant plus participer à la bataille qui se jouait au dehors, je cherchai désespérément un moyen de comprendre ce qu’il m’arrivait, et de m’en sortir. Une présence amicale me rendit finalement l’espoir. Uriel était face à moi et donc à présent, lui aussi, un triste prisonnier de cette nuée obscure. Ainsi je constatai que la flamme de Dieu n’avait pas était plus chanceux que moi, ce qui ne présageait rien de bon pour la suite de cette guerre. Malgré tout heureux de ne plus subir seul cette épreuve je me dirigeai vers lui, laissant les deux avatars à leurs élucubrations. Mais Uriel me fit signe de stopper. Il concentra son pouvoir angélique avec une conviction rarement atteinte, et en une fraction de seconde, ses bras n’étaient plus que des armes incandescentes. Le regard fixe, il me supplia de le pardonner, de le comprendre. Au fond il faisait tout cela pour le bien. Le Divin laissait depuis trop longtemps le désordre s’installer, cette guerre devait selon lui obliger les 24 anciens à intervenir eux-mêmes et en dernier recours peut-être le Divin en personne viendrait écraser tous ces rebelles qui profanaient son saint nom depuis tant de temps. Mais pour cela, le Mal devait s’approcher au plus près de son but. Une larme de feu coula le long de sa joue. Le temps d’un battement de cil, il s’empara de l’incarnation la plus insolente et s’embrasa totalement avec elle. De l’autre côté le personnage malade esquissa un sourire victorieux. J'étais abasourdit par ce qui venait de se passer... et par mon erreur de jugement sur les deux personnalité. Mes jambes défaillir et je tombai face contre terre.

48

Au cœur du champ de bataille, les hordes avaient déjà fait chuter les trois premières portes. Mais la résistance des forces divines se faisait de plus en plus coriace, et l’anarchie qui régnait dans les rangs du mal ne permettait pas de stratégie élaborée. Les monstres se jetaient sans parcimonie dans la mêlée et tombaient les uns après les autres, leur nombre ne faisant que diminuer à une vitesse vertigineuse. L’Hybride, épuisé et le pelage visqueux maculé de sang, se tenait face à l’embrasure sculptée. Une crampe le saisit soudainement à la poitrine, lui arrachant un grognement. Il tomba à genoux. Les chœurs y virent une opportunité de renverser la tendance et contre-attaquèrent sans retenue.
La boucherie venait de commencer, les lieutenants de Samaël entouraient David et l’imploraient de retrouver ses moyens au plus vite. Au moment précis où les anges enfoncèrent leurs défenses, la Bête bascula brusquement la tête en arrière, les yeux révulsés, dans un hurlement sauvage terrifiant, qui résonna des lieux à la ronde. Son corps se mit à trembler violemment, dans un bruit de craquement d’os, les proportions du monstre s’amplifièrent. Sa pilosité se fit plus éparse, laissant ça et là des muscles puissants apparaître à vif. Des excroissances de cornes émergèrent, accompagnant la poussée de ses crocs et de ses griffes. La transformation ne dura qu’un bref instant, et pourtant dans les deux camps la scène donna la sensation de se prolonger une éternité, comme si le temps avait suspendu sa course. Celui que l’on appelait David n’existait plus, définitivement. Seul restait cette gigantesque brute que les anales désignent depuis sous le terme d’Abomination. Et moi, Gabriel, au fond de l’abîme je restai pour le moment impuissant et totalement ignorant de ces évènements.

49

L’Abomination se releva doucement, poussa un long soupir. L’écume aux lèvres, elle tourna son regard vers ceux qui pensaient l’occire quelques secondes plus avant. Ses déplacements n’avaient plus rien de comparable avec les capacités des plus puissants parmi les êtres présents. La proie était devenue le prédateur. Les serres s’abattirent sur chaque soldat, avec une grâce et une facilité qui contrastait avec le macabre résultat de l’attaque. La monstruosité frappa indifféremment tout ce qui passait à sa portée. Certain des plus valeureux guerriers tombèrent en un seul geste. La mort avait maintenant un visage. La porte n’était désormais plus son objectif, seul comptait la destruction, le carnage, l’Harmaguéddon ! Le mot avait été lâché par un Saint serviteur dans un hurlement de terreur, juste avant que son corps ne vole en éclat dans une gerbe d’hémoglobine. A la seule évocation de ce nom, des visages devinrent livides tandis que d’autres guerriers s’enfuirent. Les démoniaques aux alentours ne se battaient même plus et observaient leurs alliés et leurs ennemis succomber en masse. Quelques-uns poussèrent des cris de victoire dans l’euphorie du combat mais la plupart hésitaient déjà à rebrousser chemin pour ne pas finir eux aussi en charpie. Les pertes furent plus nombreuses sur cette unique rencontre que pendant les assauts réunis des trois précédentes portes.
La part démoniaque de David ne me semblait plus malade. Elle riait. Mon cœur battait à tout rompre. Les poings serrés. La rage au ventre. Je criai mon désespoir et ma peine. Je ne savais pas encore comment sortir de cette étendue cendrée mais avant d’y parvenir, celui-là devrait payer pour ce qui venait d’arriver. Pour Uriel.

(…)
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MessageSujet: Re: Textes de Septembre   Textes de Septembre EmptyJeu 27 Sep 2007 - 0:30

Texte 3



David ouvrit péniblement les yeux. L’obscurité dans laquelle il baignait lui était familière. La seule chose dont il se souvenait était la destruction de la porte. L’énergie qu’il avait usée pour un tel acte l’avait fait sombré dans l’inconscience. Il n’était plus dans la plaine, entouré par les hordes de démons qui avaient survécu à l’attaque. Non, il était seul, à nouveau seul.

David scrutait la noirceur, adaptant sa vision. La terreur se lut sur son visage lorsqu’il reconnut l’endroit dans lequel il se trouvait. La vieille malle, sa vieille malle avec son bois pourri trônait fièrement au centre de la pièce. Il se leva d’un bond de son lit moisi aux couvertures tachées. Il ne pouvait le croire, il ne pouvait concevoir être revenu à sa vie d’avant. Sa chambre à Ivry n’avait jamais tellement ressemblé à une prison. Il s’assit, dans un coin de la pièce avec pour seule compagnie sa panique et son effroi. Tout était identique à ses souvenirs, avarié et corrompu. Déchaînant sa colère, il entreprit de détruire cette prison travestie en chambre. Chaque geste qu’il faisait était empreint de fureur contre la vie, démolissant le coffre d’un seul coup de poing, anéantissant d’un revers de la main, déchirant draps et rideaux de ses griffes acérées. Et pourtant, tout se qui se brisait, revenait à son état d’origine, alimentant ainsi, la démence de David.

A bout de force, David s’écroula sur le sol. La chaleur devint plus intense. Une fumée épaisse s’engouffrait dans la chambre en passant sous la porte de sa chambre. L’hybride avait de plus en plus de mal à respirer. Affaiblit par son combat et la fumée, il se dirigea comme il put jusqu’à la porte, et l’ouvrit d’un seul coup. Le feu avait envahit la demeure et léchait chaque recoin, détruisant tout sur son passage. Les anciennes tapisseries dorées n’étaient plus que des lambeaux enflammés sur un sol recouvert de cendres. Les murs clairs d’autrefois étaient tachées de suie et de charbon. Tout tombait sous l’assaut des flammes. David referma la porte sur cet enfer et se précipita à la fenêtre pour découvrir que le jardin aussi était la proie d’incendies. Son regard effaré balayait la cour de brasier en brasier. Pourtant au milieu de ce maelström, deux silhouettes animales se mouvaient dans un ballet gracieux. David entreprit de sortir de sa chambre comme il l’avait fait la première fois avec l’aide du spectre.

S’approchant doucement de la fournaise, ce qui lui avait parut être une danse n’était autre qu’un combat. Deux loups, l’un noir, l’autre blanc, mesurant presque trois fois la taille de David, se battaient dans un cercle formé de flammes. Chacun combattait avec la même ardeur, attaquant l’autre avec toute sa rage et sa force. Chacun se relevait devant les assauts de l’adversaire, masquant sa douleur à l’autre. Mais même David, tétanisé par la peur, pouvait voir que le loup blanc était en mauvaise posture. Taché d’un sang aussi rouge que les yeux du loup noir, il avait de plus en plus de mal à se tenir debout.

« David, tu dois le combattre, il n’est pas trop tard… » entendit le jeune hybride, des mots portés par une voix cristalline.
« David, David … » perçut-il avant de sombrer, comme tombant de nouveau dans l’inconscience.


- Alors que dis-tu de cela Samaël ? demanda Imzzelgom.
- Il est vrai que ton rejeton à réussit à détruire l’une des portes, mais il s’est écroulé aussitôt.
- Laisse-lui le temps de se remettre de cet acte qu’aucun des tiens n’a réussit, répliqua-t-il.
- Tu oublis vite mon cher Imzzelgom, renchérit Samaël en lui tournant le dos. Tu oublis que la douzième lune va bientôt se lever, et que tu as encore huit portes à détruire.
- J’ai tout confiance en mon fils, dit-il d’un ton assuré. L’avènement se passera sans problème.
- Je n’en ai aucun doute, ironisa-t-il. Le temps passe et ton rejeton fait encore la sieste à coté des débris de la porte.
Malgré les paroles de Samaël, Imzzelgom ne ressentit aucune peur quand à son fils et se retourna pour plonger son regard dans le miroir.

Moloch secouait David. La peur se lisait sur son visage. Réveiller l’hybride pouvait l’irriter, et les démonstrations de force et de pouvoir qu’il effectuait à chaque bataille tendait à le craindre plus que personne. David se réveilla en sursaut comme arraché à un terrible cauchemar. Tout le monde recula de quelques pas, redoutant une nouvelle preuve de pouvoir ou de mauvaise humeur de sa part. Pourtant, David se releva sans dire un mot, réalisant qu’il était au milieu des ruines de la porte, et que l’enfer d’Ivry n’avait peut-être été qu’un rêve.
- Où se trouve la prochaine porte ? demanda-t-il en se retournant vers les légions.
- Les portes les plus proches sont au nord, dans la ceinture de glace et au sud, au mont des damnés, répondit Béhémot.
- Si nous continuons à ce rythme, nous serons dépassé par le temps. Il nous faut un autre plan d’action. Combien d’unités sont réunis ici ? demanda-t-il à l’intention de Moloch
- 10 unités de démons ont survécu à l’attaque de la porte, déclara-t-il.
- Très bien, je souhaite que tu prennes six de ces unités et que tu ailles prendre possession de la porte de la ceinture de glace pendant que j’irai m’occuper de la porte du nord avec les troupes restantes. Je vous rejoindrai pour détruire la porte dès que je me serai occupé de l’autre.
- Il en sera fait selon vos ordres, clama Moloch en s’agenouillant devant David.

Moloch se releva, et d’un geste de la main fit signe à ses unités de le suivre. David était toujours désorienté, mais il se devait de retrouver ses esprits au plus vite, et se mit en route vers le sud, suivit de près par Béhémot et les hordes de démons.


Une voix d’outre-tombe se fit entendre dans le grand hall céleste
- La porte de la plaine est tombée. Gabriel est tombé.
- Nous n’avons rien pu faire pour empêcher ce désastre, déclara un archange.
- La puissance de l’hybride est phénoménale. On ne peut rien contre lui, déclara un autre.
- On ne peut abandonner. La puissance divine est avec nous. Renforçons les défenses des portes restantes.
- Le rejeton d’Imzzelgom n’a que faire de nos défenses.
- Que proposez-vous donc ? Capitulez sans même avoir combattu ?
- Cette idée n’est même pas envisageable.
- Alors nous périrons tous jusqu’au dernier.
Chacun défendait ses convictions de plus en plus fort, jusqu’au point ou plus aucune voix ne sortait du bruit ambiant. Des archanges étaient terrorisés et clamait leur peur. D’autres, plus téméraires proclamait la guerre. David avait semé la peur dans le cœur des angelus, sa plus grande victoire aux yeux de son père.
« Assez » rugit une voix venant du fond de la salle. Un homme s’avança dans l’allée centrale. Ses longs cheveux blancs courant le long de son dos, caressait la lame des deux épées accrochées à sa ceinture.
- Que veux-tu, Ephelias ?
- La mort de cet individu que vous redoutez tous. Laissez moi défendre la forteresse du mont des damnées, on m’a dit que c’est dans cette direction que se dirige l’hybride.
- Tu crois être en mesure de l’arrêter ?
- Peut-être pas l’arrêter, mais trouver un moyen de le faire. Je ne demande que la flamme divine.
Un silence glacial parcourut la pièce au son de cette annonce.

Durant tout le chemin qui avait conduit David et ses troupes jusqu’au Mont des Damnés, l’hybride n’avait de cesse de se remémorer son rêve étrange. Et maintenant que la forteresse était en vue, il devait laisser ses divagations en arrière. Il pouvait apercevoir, de l’autre coté du pont de pierre qui enjambait la rivière de lave, les murs qui entouraient la porte. A leur sommet, des anges en armure attendaient impatiemment les ordres de leur supérieur. Un calme effrayant s’installa sur le champ de bataille lorsque David et Behemot se postèrent devant le précipice.

Une première légion d’angelus armés d’épée vint se poster devant les herses pendant qu’une seconde encochait leur flèche derrière les créneaux. Ephelias se tenait derrière eux, ses traits fins ne dessinant aucune émotion sur son visage dissimulé derrière un capuchon. Il observait David et seulement lui, comme si il était les hordes de démons ne représentaient aucun danger. Béhémot s’avança d’un pas et ouvrit la charge sur la porte, tenant dans sa main le monstrueux marteau d’airain. Une première salve de flèches atteint la ligne de front des démons alors que David et Ephelias se regardaient toujours. D’un revers de marteau, Behemot écartait les angelus qui essayaient de lui barrer la route. Beaucoup de démons et d’anges tombaient dans la lave et la bataille faisait rage. David se mit enfin en marche, lorsque ses troupes atteignirent la moitié du pont. D’un pas assuré, oubliant la guerre qui avait lieu, il avançait sur le pont. Rien ne semblait pouvoir le stoppé. Ephelias encocha une flèche dont le bout doré luisait d’une lueur aveuglante. Sa seule cible, c’était l’hybride. Même Behemot qui venait tout juste d’atteindre les herses ne semblait représenter qu’un moindre danger. David ne cilla point lorsqu’il aperçut l’archange bander son arc d’une flèche inconnu, une aura noire autour de lui. La flèche émit un sifflement sourd lorsqu’elle fut tirée du haut des remparts pour atteindre la seconde d’après l’aura noir de David. Elle s’immobilisa à son contact, mais ne vacilla point pour autant. Un sourire se dessina sur le visage d’Ephelia. La flèche transperça l’aura et vint érafler le bras de l’hybride. Celui-ci regarda le sang perler sur la blessure. Une vague de colère l’envahit. Il regarda en direction de l’archange, mais celui-ci avait disparut. La furie le posséda, et il émit un sombre rayon qui entoura la forteresse avec tout ses occupants, les angélus comme les démons.
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