Chapitre #2 (Amôn) : http://lesalfesblancs.naturalforum.net/battle-f13/z-project-chapitre-2-t313.htm
Chapitre #3 (Bat'niak) :
Le froid, partout. La gelée, à l’affût de la moindre particule de chaleur. Et cet immonde thermocerbère au chiffre bleu invariable, si rond et si hypnotique : -200°C. Mon métabolisme est affecté par ce virus cryogénique sadique. Je ne peux guère plus que produire ce type de pensées aussi glaciales et mornes que l’environnement qui est mien depuis… depuis combien de temps, au juste ?
Tout ce que je sais, c’est que je suis à bord d’un vaisseau qui file entre les étoiles, déchire les nébuleuses et louvoie parmi les astéroïdes. Les rares soleils que nous croisons ont l’éclat aussi glacé que la plus frigide des synapto-masseuses de la planète désormais éteinte d’Esk-Ymo. J’arrive à peine à me souvenir de la maigre pitance que ces créatures constipées constituaient.
Cela paraît lointain, irréel, mais du temps de la gloire de mon peuple, j’étais un redoutable chasseur, avide de possession, affamé de sang fluide, chaud et palpitant de vie. Aucune galaxie n’aurait dû nous résister, notre organisation était parfaite, notre expansion faramineuse. Et pourtant… il a fallu que l’un de nous, stupide puceau de l’Art raffiné qui nous qualifiait, aille frayer avec le bas peuple de Môn’haa Nuskrit.
Ce qui s’ensuivit, le pire scato-scribe de la revue Fesse-toi le bulbe, Pince-moi l’antenne n’oserait le décrire. Je pourrais entamer là le récit de cette mésaventure côloniale, mais quelque chose a changé à l’extérieur. De là où je suis, figé derrière une vitre givrée, je crois distinguer un rougeoiement. Ce qui est curieux, c’est qu’au rouge se mêle du bleu. Mais le rougeoiement domine, et les cristaux fondent, fument et s’évaporent, tandis que le thermocerbère s’affole, aboie sa détresse numérique sous son écran.
Derrière le hublot, je les vois, grandioses, pleines, exsudant des promesses salaces : les sphères enflammées qui pendent comme deux testicules soudés au-dessus de la planète Z ! Z, bastion de la multiracialité, ode aux saveurs emmêlées, cocktail de pratiques douteuses issues des confins de l’Univers. Les rôles s’inversent, je peux bouger, mes pensées elles aussi suppriment leur carcan guindé. Par les Saintes Tripes Utérines de la Prime Ribaude Engoncée, je suis vivant ! Diantre couille, que ça soulage ! Si cette vitre croit pouvoir m’empêcher d’atteindre ces plaisirs provocants, elle se fourre le silice dans les sinus.
Ha ha ! De la pacotille, c’est bien ce que je pensais ! Ouh, il fait fichtrement meilleur à l’extérieur. Pas encore l’extase humide et poisseuse, mais ça se rapproche. Tiens, mais qu’est-ce que c’est que cet amas d’abats roulés ? Oh, toutes mes confuses, Scrotanus, je t’avais pas remis avec ce teint cramoisi. Mouais. Pas l’air très vif, le compatriote. Comme qui dirait, il a équarri ses tentacules dans le fion de la Méduse. Dommage, j’aurais bien fait une colocation avec lui dans le corps de cette charmante tentatrice paniquée qui vient de débouler.
Grande, svelte, elle aurait presque paru décharnée à un œil squatticorpus si deux boules de chair catapultées sur le devant d’un décolleté de dermoplastique noir, ainsi qu’un postérieur ferme à deux rebonds n’étaient venus compléter le tableau. Et que dire de ces hanches de pouliche sidérale, larges à souhaits, avenantes comme un couloir bien ventilé, faites pour le coït et la nidification.
La belle est accompagnée d’une tripotée de ses semblables qui, sous les clignotements hystériques des gyrophares rouge et bleu, ressemblent à un banc de vautours cybernétiques rescapés d’une tempête solaire. Pas franchement folichon, le peloton d’élite. Car je ne suis pas dupe. Pourquoi cet air d’avoir gobé un pousse-pue si ce n’est parce qu’ils viennent de réaliser dans quelle galette ils viennent de mettre le pied ?
« Foin de mérumelle ! Une saloperie de rastazoaire ! », qu’elle crie de sa voix suave, la belle plante aux tétons masqués. J’aime les femelles qui ont du caractère. Et qui font les présentations par un baptême. Je suis donc un rastazoaire. Pourquoi pas, après tout ? Squatticorpus est peut-être bien bon pour la jaille. Soit. Quand est-ce qu’on s’introduit ?
Si j’avais autre chose que des crochets à faire claquer, je me fendrais bien d’un rire grasseyant, et si j’avais un semblant de jambe et de bras dans les lianes rouges qui me servent de membres, je me frapperais bien les cuisses en cadence. C’est qu’ils sont chouquets, les ptiots, avec leurs yeux d’ahuris et leurs guibolles qui flageolent. Je suis donc devenu à ce point repoussant ?
C’est pas le tout, mais au lieu de rester plantés comme des parasites dans le sol livide comme leurs faces d’angoissés, est-ce que l’un d’entre vous daignerait me faire l’insigne honneur de s’avancer, que je lui remette la libido en place ? J’ai beau avoir végété dans un bac à glaçons, mes appétits sont toujours les mêmes, voire pire. Tout bon radiateur mérite une purge régulière. Et je ne déroge pas à la règle, oh que non. Ah, je sens que la chasse va être bonne. Viens-là, ma cochonne, approche ta croupe cambrée que je te montre ce que Professeur PhallusFêlé va te mettre !
(a suivre)
Chapitre # 4 (Karmather) : http://lesalfesblancs.naturalforum.net/battle-f13/z-project-chapitre-4-t325.htm