La chasse aux répétitions

Bon, j'ignore où poster mon message, alors ce sera dans cette section!

Voilà, on voudrait tous éliminer toutes nos répétititions futiles de nos textes. Or, j'ai travaillé une nouvelle sur ce point en le faisant paragraphe par paragraphe où j'ôtais toutes mes répétitions (excepté certains il ou elle). Et après ces paragraphes, je le repassais dans le répétoscope partie par partie (2 ou 3 pages selon le cas) et là, l'enfer des couleurs repartait. J'ai éradiqué la plupart, mais il m'en reste encore. Je sais que c'est impossible de les éliminer toutes, car j'utilise déjà divers synonymes pour mon personnage principale (La prisonnière, la recluse, la captive, la femme, elle, son prénom, la (métier), la blonde, la soeur de, la tante de) que je n'arrive pas à éradiquer partie par partie. De plus, j'utilise aussi des phrases du type Son nez huma l'air... au lieu de Elle huma l'air... Et je me suis rendu compte que j'utilisais beaucoup de pouvait/devait dont je suis fière d'avoir réussi à reformuler.
Mais je me questionne, quand en venez-vous à être satisfait? Y a-t-il quelque chose que vous considérez comme l'équilibre? Y a-t-il un moment où vous vous dites, c'est assez la chasse aux répétitions? De plus, avez-vous des attentes différentes lorsque vous écrivez une nouvelle ou un roman? Avez-vous des trucs pour contourner ces répétitions?

Voilà, j'espère avoir été assez claire pour lancer un débat sur l'équilibre des répétitions et vos astuces pour le trouver.

plop

D'abord, t'es dans la bonne section : impeccable !

Ensuite, ton sujet me parait intéressant et non dénué de sens : combien d'entre nous se livrent-ils à la chasse aux répétitions, jusqu'à épuisement ?

De mon point de vue, il faut y prêter attention sans que cela devienne une obsession. Un moyen de se "mettre moins de pression", c'est déjà de se dire qu'il y a des mots quasi dépourvus de synonymes. Et là, bah, si tu dois le répéter plusieurs fois au risque de ne pas être compris, bah tant pis.

D'autre part, tu pointes du doigt l'utilisation des pronoms personnels répétés : personnellement, cela ne me gêne pas quand ils sont bien employés (et là, ça se complique)
Car désigner ton perso principal par "elle" est naturel et cela se tient sur un long paragraphe S'IL n'y a pas de renvois sujets à controverses entre temps ! Car à ce moment là, le lecteur se demande si tu parles de l’héroïne ou de la moquette sur laquelle elle se déplace...

Exemple simple et basique pour illustrer :

Citation :

Marion s'est infiltrée aisément dans cette grande demeure. Elle n'a pas ménagée ses efforts.
Elle s'est même déchaussée alors que le sol est recouvert d'une moquette. Elle était belle et agréable pourtant...

Bon, l'exemple vaut ce qu'il vaut mais il illustre mes propos.

Enfin, (meme s'il y a encore bien à dire ! J'en laisse pour les autres ! ), je crois qu'il faut s'attarder davantage sur les mots ou expressions qui sortent de l'ordinaire et qui sont répétés (même au delà de 5-6 pages) car ce sont généralement ceux là qui nous frappent.
(J'ai le souvenir d'une expression "faire mine de" probablement dûe à une traduction mais qui revenait sans cesse dans l'un des derniers romans que j'ai lus... Bah j'en ai encore les poils qui se hérissent...)
Si tu dois parler d'un petit doigt sectionné, tu vas vite faire le tour de "doigt", "nom du doigt" ou essayer des formules qui alourdiraient ta lecture ("Il s'est sectionné l'extrémité de la main, au dessus du métacarpien...)

Personnellement, je ne suis pas à la recherche, comme tu le fais, de différentes façons de nommer un personnage : 2 ou 3 me suffisent, elles me permettent d'éviter d'éventuelles confusions et, à mon gout, d'alourdir la lecture...

Voila !
J'ai fait court, hein !

Siel

hihi, est-ce faire mine de rien? Car c'est une expression québécoise (je crois) et moi, ça ne m'aurait pas gênée, à moins qu'elle revienne 10000 fois!
Et oui, il y a des mots dont c'est peine perdue! Je n'écris pas encore de fantastique (enfin, pas vraiment), mais je doute qu'il existe de synonymes pour elfe et ogre
Et l'utilisation des prénoms/pronoms me gênent moins, mais je trouve qu'il faut aussi un équilibre. Une personne m'avait fait remarqué que j'utilisais 10 fois le Elle dans un paragraphe de 6 lignes, alors que je n'utilisais pas la fille et qu'une seule fois son prénom!
Et oui, je sais qu'il ne faut pas chercher 10000 synonymes, mais dans l'exemple que j'ai donné, je n'ai que 3 gros personnages : La prisonnière (dont j'ai donné certains synonymes pour ne pas répéter 100 fois ce mot dans 15 pages Word et les autres sont ces caractéristiques familiales surtout), Son bourreau, Sa soeur enquêtrice. Donc, même si j'use de synonymes, je ne crois pas avoir créé de confusions ainsi.
Hihi, c'est drôle que tu parles du doigt, car je parle de son bras engourdi dans mon texte et j'avoue que pour ce mot, je ne me suis pas cassé la tête à chercher des synonymes et à reformuler 10000 fois la même phrase pour ôter bras! D'ailleurs, je crois que mon imagination n'était pas assez fertile pour trouver une formulation qui alourdirait le texte inutilement. Comme quoi, des fois, les pannes d'inspiration peuvent être utiles
Merci pour ton avis
Ah, j'oubliais, c'est quoi le livre du mine de?

Intéressant moi mes bêtes noires sont les auxiliaires être et avoir que je trouve disgracieux.

Ah zut, j'en ai dans mes textes! Bon, j'essaie de les éviter, mais au passé composé, c'est dur

Alors, les "faire mine de" : je ne sais plus dans quel ouvrage cela est (peut etre Téméraire de Novik... A vérifier)
Et non,ce n'est pas l'expression québécoise, je ne crois pas mais plutot dans le sens "faire semblant de'" -(qui est vachement plus beau ! lol)

Pour les auxiliaires, à partir du moment où ta narration est au présent, c'est compliqué de les éviter avec, en effet, le passé composé...
Après, si on peut les éviter d'emblée, sans avoir à y revenir, c'est surement mieux car autant chasser les répétitions "faciles", bah ça se fait, autant revoir un texte en évitant les deux auxiliaires répétés, ça devient laborieux...

Siel

Ah ! Les histoires de chasse aux répétitions !

Comme a dit Siel, il ne faut pas abuser avec ça.
Voilà les quelques règles en vigueur dans les maisons d'édition : Les verbes être et avoir ne sont pas considérés comme répétitions (ni comme verbes faibles !!!) s'ils sont utilisés en tant qu'auxiliaires (encore heureux ! Sinon, on ne peut plus utiliser les temps du passé !).

Voilà deux exemples :
"Elle avait de longs cheveux bruns et son appartement avait un canapé vieillot."
"Ses longs cheveux avaient conservé leur couleur brune malgré son âge et son canapé avait gardé le creux de son défunt mari."

(ok, les phrases sont pourries)
Dans la première : utilisation de "avoir" comme verbe faible (il peut être remplacé par un autre mot qui donne plus de relief) et il y a la répétition.
Dans la seconde, contrairement aux apparences, il n'y a pas de répétition !
Bon, il se trouve que la phrase est lourde et mal tournée (mea culpa), mais "avoir" n'est ici ni un verbe faible ni une répétition.

De même pour les pronoms personnels. Ils ne sont pas considérés comme répétitions. Et franchement, ça me hérisse plus le poil de voir dans le même paragraphe un florilège de synonymes et groupes nominaux pour décrire la même personne alors qu'on sait très bien de qui il s'agit et qu'un simple "il" suffit.

Et je vais encore approuver Siel : c'est lorsqu'un terme peu commun est employé à plusieurs reprises (disons "diaphane"), même à une page d'intervalle, qu'on tique sur la répétition.

Pour répondre à ta question Isallysun, j'arrête de chasser les répétitions quand je ne les voie plus à l'oeil nu. S'il me fallait l'aide d'un logiciel, ça irait trop loin et au final, ne serait-ce pas au détriment de la fluidité et de la facilité de lecture du texte ?

Ah tiens, moi je ne tripe pas sur faire semblant de
Et oui Blanche, je ne prendrai pas 20 000 synonymes pour éviter une ou deux répétitions dans un paragraphe! Je vais prendre un pronom ou laisser la répétition si elle est éloignée dans le paragraphe
Bien sûr, lorsque je disais la plupart, c'était les gênantes et j'aimais mieux laissé une répétition que de me trouver une tournure gênante. C'est juste que, pour moi, je trouve que le logiciel est un moyen qui nous simplifie la tâche parfois! Donc, si je trouvais rien qui rendait encore le texte fluide, bienvenue la répétition Merci pour ton point de vue!

J'avoue ne pas faire de fixette sur les répétitions, ce n'est qu'à la relecture que je vois si ça me saute aux yeux ou non. Et quand c'est le cas, je vais honteusement jeter un oeil dans mon dictionnaire des synonymes (dans le cas bien entendu où je n'en ai pas déjà trouvé). Mais en règle générale, je me cantonne aux mots simples, pour ne pas dénoter par rapport au reste du texte avec des mots trop savants.
Je pense que si on jongle habilement entre pronoms et différents référents simples, on peut s'en sortir sans trop de dommages.

C'est vrai que j'ai une certaine tendance aux répétitions, parce que quand j'ai un mot dans la tête et qu'il dit bien ce qu'il veut dire, je ne m'efforce pas spontanément d'en trouver un autre. En fait, comme j'écris souvent des récits à la première personne, je me soucie beaucoup plus d'avoir une écriture qui colle au tempérament et à la culture du personnage, y compris ses tics de langage, ce qui peut donner un vocabulaire assez pauvre (sauf si le personnage est un professionnel du beau langage et que je peux lui attribuer des tournures très recherchées). "Faire mine de" est, pour moi, du registre enfantin ou joueur, et je l'emploierai s'il me paraît convenir au personnage et à la situation.

D'accord avec Blanche pour éviter les verbes faibles (ceux de portée trop générale comme avoir, être, faire, se trouver...). Quand c'est possible, je préfère un verbe d'action qui implique davantage le personnage ou même le lieu: "Le palais était splendide", ça jette quand même moins que "Le palais resplendissait d'un éclat royal qui écrasait l'humble visiteur".

Quand j'ai trois personnages féminins dans la même pièce, je fais attention de ne pas avoir un "elle" mal placé qui prête à confusion. Ensuite, je peux avoir deux ou trois synonymes pour chacune, mais plutôt pour mettre en valeur leur rôle social (la servante, la plus jeune, etc.) que pour éviter la répétition.

Dernièrement, j'ai fait la relecture d'un texte où "l'enfant" désignait tantôt un personnage, tantôt un autre qui apparaissait dans la même scène. A mon avis, l'auteur aurait mieux fait de ne pas chercher de synonyme, ou alors de développer davantage.

Blanche a très bien résumé la question des répétitions; au final ce qui compte c'est le dosage. Pour ça il y a une astuce, bidon certes, mais qui marche, c'est de lire le texte à haute voix. Rien qu'à l'oreille tu verras les blocages de toutes sortes qui parsèment l'ensemble

@Karmather: Oui, je suis bien consciente que si on utilise des synonymes, il faut rester dans un même registre de langage
@Patrick: Je n'ai rien à ajouter. C'est quoi le livre de l'enfant?
@Insomnius: Oui, je le lis à voix haute, mais j'avoue que ça m'aide plus pour les structures de phrase que pour les répétitions.
Bref, dans l'ensemble je vois qu'on est tous d'accord qu'il faut en laisser, mais que ce soit bien dosé, et que c'est surtout les verbes faibles qu'on doit modifier. Donc, j'en comprends qu'il faut que j'arrête de m'inquiéter!

L'enfant, c'est un texte dans un webzine en préparation. Je penserai à le signaler quand il sera prêt, mais ce n'est pas pour tout de suite.

D'accord

Je n'ai rien contre le comique de répétition.

Fingo a écrit:

Je n'ai rien contre le comique de répétition.

Moi je signalerai quand même que certaines répétitions peuvent donner une ambiance ou un certain sentiment. J'aurais du mal à trouver des exemples mais je me souviens de textes qui utilisaient les répétitions sans que ce soit un tort.
En ce qui me concerne, c'est sûr que j'ai tendance à toujours utiliser le même vocabulaire et ceux qui m'ont lu m'ont toujours fait la remarque, c'est un de mes grands défauts
Et je pense aussi que c'est plus énervant de lire une multitude de synonymes pour la même personne que de lire un pronom qui ne se remarque même pas.

Un texte plein de répétitions peut donner une impression de tournoiement, d'ivresse, ou encore d'obsession. J'avais vu un extrait de Stendhal, cité dans un livre sur le style, qui allait dans ce sens (il était question d'un couple en train de s'embrasser). Mais il faut être très sûr de son style pour risquer un coup pareil.

Pat, tu te souviens de quel livre c'était?

Il est peut-être encore dans ma bibliothèque municipale, elle devrait rouvrir cette semaine. Mais en attendant, j'ai retrouvé une accroche de nouvelle d'un tout autre auteur qui illustre parfaitement cette idée des répétitions... Tellement magnifique que j'ai choisi de la mettre en phrase mystère. Donc, solution dans deux semaines.

la phrase mystère