Vient un temps où il n'y a plus d'image.
Seulement les choses ,telles qu'elles sont, dans la chaleur de l'été
et puis les étoiles
avec leur visage et leur regard de folles qui vient sur nos peaux crever nos paupières
baissées et lasses,
comme celles des aveugles.
Mais il est temps pour moi de retourner contre les phrases
d'étendre mon corps près de leur chaires usées,
leur muscles fatigués de s'être tendus vers l'infini,
Leur corps ridé, crispé comme ces arbres qui s'en vont mourir dans le ciel
et n'y arrive jamais.
Et moi c'est toi que je voulais crever, c'est toi que je voulais écrire.
Et maintenant il va falloir parler, leur raconter ,aux autres, comment s’était.
Tous ces instants qui n'ont d'histoire à voler
que ce cri immense
qui jaillit comme une flamme
et qui ressemble aux chants des fous abandonnés dans leur mystère,
ces fous qui traînent au bord des routes là où personne ne vient,
pour que personne n'entende,
pour que personne ne voit,
leur visage défiguré de lumière.
Tu étais beau ce soir là.
Tes yeux ne s'inclinaient plus,
Tu regardais.
Tu regardais tout sans comprendre
et puis tu ne cherchais plus à comprendre.
Chaque seconde passait sur toi comme des brulures.
Tes yeux flambaient,
Se dépeçaient.
Je t'aimais comme on aime la lune
A genoux
Les yeux levés comme ceux qui l'observent
et ne savent pas, et ne savent rien
du gris de ses graviers
tout doré de poèmes
dont la peinture s'écaille
les yeux qu'on sait incapables d'y arriver
Là-bas,
Contre les roches poussiéreuses et tristes.
Je me disais: j'aurai pas le temps de les voir,
J'aurai pas le temps d'y mourir,
Contre toi.
Tu n'étais jamais là.
Tu étais celui qu'on guettait par la fenêtre, dans nos hivers angoissés, sous nos couvertures trouées de vermine,
où on t'attendait, et on t'attendait toujours
au fond du vas et viens de nos paroles où tu n'étais pas,
où on t'inventait.
On t'inventait mal, on t'inventait des visages et des voix. On ne savait pas dire ton nom et personne ne te donnait le même.
Quand je t'ai vu la première fois, j'ai su lequel était le vrai. Et puis j'ai oublié.
et puis un jour, j'avais beau t appeler tu ne te retournais plus.
On a construit notre maison autour de ton absence, et elle l'habitait bien plus que nous l'habitions,
nous qui n'étions rien, qui restions là à attendre chaque jour, chaque repas que tu viennes à ta place, là où on t'avais mis le couvert
Et on crevait de faim, nous, à force de t'attendre, si tu savais,
Combien de temps on a attendu pour vivre.